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L'islamisation et les civilisation du soudan occidental

Question anonyme le 27/02/2012 à 16h15
Dernière réponse le 29/05/2012 à 14h52
[ ! ]
L'influence de l'islam sur les civilisation du soudan occidental
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2 réponses pour « 
l'islamisation et les civilisation du soudan occidental
 »
Réponse anonyme
Le 23/05/2012 é 21h55
[ ! ]
L'influence de l'islam sur les civilsation du soudan occidental
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Réponse anonyme
Le 29/05/2012 é 14h52
[ ! ]
Introduction Le concept de civilisation est un concept extrêmement large qui englobe tous les éléments de la culture, des croyances, des mœurs, des langues, des mentalités et de l'esprit civique. C'est, en réalité, l'observateur ou l'analyste qui sélectionne arbitrairement un élément de cet ensemble pour parler, décrire ou juger une civilisation. Ainsi, dans l'expression « civilisation africaine », nous sélectionnons, en tant qu'observateurs, des éléments d'identification commune à la fois géographiques, ethniques et raciaux pour parler d'un ensemble de populations. Il en est de même, lorsque nous évoquons la « civilisation occidentale ». Dans l'expression « civilisation arabe » nous procédons de la même manière, en sélectionnant cette fois-ci un élément linguistique et géographique. On peut ainsi mesurer la complexité, l'enchevêtrement, mais surtout le caractère arbitraire des définitions avec des expressions comme « civilisation asiatique », « civilisation chinoise », « civilisation japonaise », « civilisation anglo-saxonne », « civilisation latine », « civilisation américaine », « civilisation française » « civilisation orientale », etc. Dans toutes ces hypothèses, c'est l'observateur ou le chercheur qui construit plus ou moins arbitrairement l'objet de son observation ou de sa recherche. Il en est ainsi lorsque nous parlons de « civilisation islamique ». Nous procédons, dans ce cas, par le même arbitraire. Il est évident, en effet, que la religion ne peut être, à elle seule, constitutive d'une civilisation. Cette « civilisation islamique » englobe des histoires, des populations, des géographies, des reliefs, des langues, des mœurs, infiniment disparates et éclatés. Dans cet ensemble, la religion a une place et un rang, parmi les autres éléments constitutifs d'une civilisation. Elle n'a ni monopole, ni exclusivité dans la définition d'une civilisation quelconque. Quoi de commun entre l'Indonésie, le Maroc, la Bosnie, la Turquie, l'Iran, l'Albanie, l'Arabie, et les Ouïgours ? Nous pourrons faire exactement la même remarque à propos de ce qu'on appelle communément « la civilisation occidentale ». Pourtant, si le mot existe, c'est qu'il correspond bien à quelque chose. Un mot, une expression, peuvent être arbitraires, flous, compréhensifs ; ils ne sont jamais délirants et désignent, en toute hypothèse, une réalité quelconque, un objet isolable, analysable selon des critères déterminés. Les mots doivent être pris au sérieux. Ainsi, on désigne par « civilisation islamique » l'ensemble des nations et des populations, quelles que soient leurs citoyennetés, leurs cultures et leurs histoires particulières, qui se réclament de cette religion monothéiste et adhère à son credo fondamental. Pour pouvoir être à même de parler dans ce cas de « civilisation », nous entendons et admettons que cette religion, débordant largement le cadre étroit de la simple conviction religieuse, détermine et façonne par ailleurs des mentalités, des comportements sociaux, des visions du monde, de la morale des mœurs et du droit. Autrement dit, nous disons implicitement par là que la religion devient civilisation par le simple effet de son insertion dans le tissu social, c'est-à-dire, en fait, de sa politisation. I – Civilisation Occidental et islamique Le concept de « civilisation occidentale » est encore plus arbitraire que celui de civilisation islamique. «Occidental» est un déterminant géographique relatif, puisque tout point sur le globe est à la fois oriental et occidental, selon la perspective. En tant que tel, il est strictement inopérant dans le concept actuel de « civilisation occidentale », puisque cette dernière comprend des parties du monde, comme l'Amérique, l'Europe, l'Australie qui se situent dans toutes les parties du planisphère. Quant à la Grèce, elle fut à la fois le berceau de l'Occident, dans sa période antique et elle fut orientale dans sa phase byzantine. Si nous l'utilisons, c'est que nous reprenons implicitement la vieille division politique, raciale et culturelle du monde en « Orient » et « Occident », apparue d'abord avec les Grecs, qui voulaient ainsi se distinguer face à l'empire oriental perse, puis avec la division de l'empire romain en empire romain d'Occident et en empire romain d'Orient, enfin au Moyen Âge, avec les croisades, et leur élan expansionniste vers le mythique « Orient ». Le terme « occidental » a fini par perdre toute connotation géographique, pour désigner en définitive des traits de culture de souche spécifiquement européenne, grecque, latine et slave sur le plan linguistique, chrétienne, sur le plan religieux. Dans son sens actuel, il désigne l'ensemble des cultures de souche européenne, juxtaposant à leur patrimoine classique les acquis de la modernité, c'est-à-dire la science et la technologie industrielle et numérique, la sécularisation de la vie sociale et politique, le mode de gouvernement libéral et démocratique. Le résultat final, lorsque nous envisageons les rapports entre la civilisation islamique et occidentale, c'est de mettre face à face un groupe de populations et d'États qui se définissent par leur appartenance à une religion donnée, avec les conséquences que cela implique sur le plan des relations internationales, et un groupe de populations et d'États qui se définissent, au contraire, par leur commune appartenance à une culture sécularisée. En un mot, le face-à-face de la civilisation islamique et de la civilisation occidentale n'est rien d'autre que la confrontation entre une culture sécularisée et une culture confessionnelle. Cette question du choc des civilisations est une question sérieuse et épineuse. Il ne peut être question de se positionner arbitrairement et subjectivement par rapport à cette question, en affirmant péremptoirement sans analyse des opinions, sans recherche historique et sociologique, qu'un tel choc existe ou n'existe pas. Il faut procéder à une analyse minutieuse des faits et en particulier au niveau des relations internationales. Quelles sont aujourd'hui les données de base ? Trois problèmes majeurs semblent marquer le présent du monde islamique. Le premier problème concerne les suites, parfois tragiques, de la décolonisation. Cette dernière a provoqué ou accentué des phénomènes migratoires complexes qui ont à la fois donné naissance à une forte présence islamique en occident et engendré la multiplication des "terres d'islam" à travers le monde, ce qui va donner lieu à de nouvelles formes de confrontation avec l'Occident. Le deuxième, c'est que le monde musulman vit dans un climat de tensions internationales quasiment inédit, dans lequel les musulmans, avec leurs Etats, leurs organisations internationales, leurs organisations non gouvernementales, leurs partis politiques, leur opinion publique et leur presse, se sentent victime d'une agression menée par l'Occident contre l'unité de l'Islam, sa civilisation, son expansion, ainsi que son développement matériel, économique et militaire. Dans ce contexte, la mondialisation est comprise comme une avancée supplémentaire du camp adverse, ce qui va alimenter la psychologie victimaire. Le troisième concerne la mondialisation. Le rapport de l'islam à la mondialisation est ambigu (1). D'un côté, cette dernière lui apporte, sur le plan technologique de la communication, une force inégalée auparavant, en multipliant ses potentialités d'information de persuasion et de propagande. Cependant, d'un autre côté, cette même mondialisation provoque, en retour, dans le monde de l'islam, l'aggravation de la psychologie victimaire et revancharde, dans la mesure où l'islam subit la mondialisation et la considère comme un prolongement de la civilisation occidentale. Cela contribue au développement et au renforcement du fondamentalisme. En effet, cette mondialisation-occidentalisation va provoquer une crispation des musulmans autour d'une identité construite sur le modèle médinois de la cité islamique idéale, celle de l'origine première. En fait, toutes les conditions historiques actuelles se conjuguent pour diriger la culture et l'opinion de l'islam dans le sens d'un fondamentalisme salafiste attaché à la lettre des textes, sélectionnant les éléments de sa version de l'histoire, de même que sa version du droit, hostile à la modernité, assimilé à l'Occident laïc et non croyant. Sur le plan sociologique, les phénomènes migratoires sont une cause essentielle de développement de la psychologie victimaire que nous avons évoquée précédemment et qui nourrit l'état d'esprit fondamentaliste. L'exode rural perturbe gravement les fonctions civiques de la cité. La population issue de l'exode rural ne participe nullement au développement de l'esprit municipal. Elle provoque, au contraire, l'apparition d'une citoyenneté de rupture, revendicatrice et revancharde, aussi bien par rapport à l'establishment de la cité, que par rapport à l'Etat. La surpopulation périphérique des grandes cités aggrave toutes les crises. Sur son propre territoire le citoyen devient souvent un déraciné, en divorce avec son milieu. La quête d'un refuge, la recherche du sens, par delà l'Etat, deviennent, en conséquence, des questions centrales de sa vie et en particulier de sa vie politique. Le culturalisme conservateur offre à ce citoyen une réponse à première vue satisfaisante à ses problèmes vitaux. Les migrations transnationales aboutissent approximativement au même résultat. Sur les nouvelles terres d'Islam, en Europe, aux États-Unis, au Canada, se constituent également des minorités périphériques ethnico-religieuses caractérisées par le déracinement, l'exclusion, l'absence d'intégration réelle et la crispation autour d'une identité inventée. La quête du refuge s'exprime ici alors par le démarquage et l'hostilité latente à l'égard du milieu. « Les mille et une colère des musulmans de sa Majesté (2)» trouveront leur consolation dans le culturalisme radical. Ce dernier, celui d'un Sayed Kotb, d'un Mawdûdi, ou d'un Hassan al Banna, là encore, va pouvoir offrir à la psychologie victimaire des raisons de croire ou d'espérer, de nier ou de haïr, des motifs pour agir, des utopies virtuelles, l'Ummah, la Khilafa, pour se reconnaître et se rassembler, une technique de violence, le jihad, à leurs yeux salutaire pour s'affirmer. Fort de ses mots, ses valeurs et normes de conduite, le fondamentalisme se place donc volontairement en confrontation avec cet occident devenu mondialisation. Cette confrontation peut aller très loin et revêtir des formes de la violence sans limite et du terrorisme aveugle. L'effet le plus immédiat de la mondialisation est de provoquer, en même temps qu'une expansion colossale du message, une multiplicité des figures de musulmans à travers le monde, ainsi qu'une occidentalisation des pratiques et des mœurs. II - L'occidentalisation des pratiques et des mœurs Plusieurs auteurs, comme Mahmoud Hussein, Olivier Roy, Arun Appadural, Jocelyne Cesari, S. Bryan Turner, ont mis l'accent sur cet aspect. La mondialisation entraîne une occidentalisation des pratiques et des mœurs. Plusieurs raisons nous permettent de l'affirmer. La première, la plus évidente, c'est que la technologie de la communication et de la diffusion des idées est purement occidentale. La deuxième, c'est que la langue utilisée par les différents acteurs, dans la majeure partie des cas l'anglais, l'est également. La troisième raison, c'est l'émergence du sujet moderne, des choix individuels et de la subjectivité. Dans le contexte de cet islam virtuel, "sans territoire" et "sans histoire", l'engagement ne dépend plus de l'héritage ou de l'ancrage historique, mais d'un choix subjectif, individuel, en rupture avec les identités et les allégeances ethniques, avec l'Etat, avec les autorités religieuses établies, avec le groupe familial. Une individualisation des choix religieux est perceptible. Occidentalisation ne signifie évidemment pas libéralisation. A ce propos Olivier Roy nous met en garde contre « ...un malentendu fréquent : l'idée que l'occidentalisation de l'islam conduit forcément à une "libéralisation" de l'islam. En fait, l'occidentalisation est non seulement compatible avec un nouveau discours fondamentaliste mais peut même le favoriser tout en adoptant largement une vision occidentale des valeurs et des enjeux...» III - Le règne de L'anti occidentalisme Cette occidentalisation ne doit cependant pas cacher le fond du message et des convictions, largement dominés par l'anti occidentalisme. Ce dernier est alimenté par la situation internationale, clairement comprise comme un vaste complot de l'Occident contre l'Islam, en tant que civilisation, culture et croyance. La colonisation, le démembrement de l'empire ottoman, la création de l'Etat d'Israël, l'affaire palestinienne, les affaires irakiennes, la loi française du 15 mars 2004 relative au port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, les collèges et les lycées publics appelés abusivement, mais significativement, loi sur le foulard islamique, l'affaire des caricatures, le discours du pape Benoît XVI, la question de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, les invasions du Liban par Israël tous ces faits et événements de la politique internationale sont compris comme autant de signes et de manifestations d'hostilité fondamentale de l'Occident à l'égard de l'Islam. À cela, il faut évidemment ajouter le regard négatif de l'opinion occidentale sur l'Islam et le statut défavorable des populations musulmanes issues de l'immigration. Il ne faut également pas oublier que cette anti occidentalisme fait partie d'une longue tradition de pensée que l'on retrouve même chez les réformistes, pourtant adeptes d'un alignement relatif sur les modes de pensée et les institutions européennes. Les porte-voix de cet anti occidentalisme, il faut les chercher aussi bien du côté des Etats comme l'Iran, le Soudan, l'Arabie Saoudite, le Pakistan, qui financent les partis politiques fondamentalistes, l'édition d'ouvrages, de magazines, de brochures, de centres islamiques animés par la méfiance, sinon la haine, à l'égard l'Occident, que du côté des mouvements piétistes et puritains, que des mouvements salafistes et des mouvements et groupes jihadistes, comme les Talibans, al Qaîda, la Jamaat islamiyya, le parti Jihad, le G.I.A, l'Armée de Mohamed en Jordanie ou au Pakistan, le Groupe Abu Sayyaf aux Philippines le Fath al Islam au Liban, etc. En tout état de cause, pour l'immense majorité des musulmans, l'Occident ne peut être l'ami des musulmans. Au minimum, il est l'étranger. Au maximum, il est l'ennemi héréditaire qu'il faut combattre. Dans ce milieu ambiant, la mondialisation est comprise exclusivement comme le triomphe de la pensée unique occidentale au niveau des idées, des valeurs, des mœurs, de la politique et du droit, avec les risques de dissolution qu'elle comporte. À ce titre, sans esprit de repli, ni sentiment revanchard, certains auteurs revendiquent un droit à la différence sinon à la résistance, comme le proclament Mustapha Chérif ou Tariq Ramadan. Ce message était au cœur même du réformisme. Refusant l'unité du monde par l'européanisation, prônée par certains, cheikh Al Khidhr Ibn Husseîn répondait : « Il saute aux yeux de ceux qui considèrent avec discernement la civilisation européenne que celle-ci ne répond ni aux exigences de la raison, ni à celles du droit, shar'. La juste diversité des nations vaut mieux que leur unité sur l'erreur, bâtil.» Ces réactions sont accompagnées ou précédées d'un procès à la civilisation occidentale, notamment un procès moral. Ce procès constitue un thème classique de la littérature politique dans les pays d'islam. Il vise aussi bien le domaine des mœurs que celui de l'économie, des finances, ou de la politique internationale. C'est ainsi qu'en 1922, Ahmed Riza, ancien président de la chambre des députés et du sénat de l'empire ottoman, écrivit un ouvrage qui eut à l'époque une certaine notoriété et dans lequel il dénonçait la fourberie, la mauvaise foi, le fanatisme, la tyrannie, la fausse liberté, l'arrogance, l'hypocrisie, l'injustice et la méthode des deux poids et deux mesures de la politique occidentale internationale. Cet ouvrage est intitulé : « La faillite morale de la politique occidentale en Orient ». La décadence morale de l'Occident ne lui permet pas pensait-il, d'imposer ses normes. Certaines de ses affirmations sont reprises intégralement aujourd'hui. Ainsi en est-il lorsqu'il écrit : "La politique maladroite et inique des puissances alliées a eu également sa répercussion en Orient; elle y a réveillé la susceptibilité des peuples, provoqué des protestations et fait naître un dégoût universel. Personne n'ajoute plus foi à la parole donnée, aux traités signés par les Etats européens et par l'Amérique. Les mots civilisation, humanité, religion, par lesquelles on a leurré le monde, n'inspirent plus que le doute et l'appréhension. Ces mots eux-mêmes ont fait faillite." Les attaques les plus virulentes concernent le domaine des mœurs. On dénonce, comme le firent Hassan al Banna, Sayed Qotb et tant d'autres, la marchandisation des femmes par l'exhibitionnisme publicitaire du corps féminin, considéré comme obscène et attentatoire à la dignité de la femme, la polygamie occidentale qui ne dit pas son nom mais qui existe bel et bien comme le révèle la vie privée de certaines grandes personnalités occidentales, l'homosexualité qui provoque des ravages sociaux incommensurables, la sexualité débridée, signe de bestialité et violation du droit naturel, l'alcoolisme, la drogue...Tout cela pour conclure, à l'instar d'Ahmed Riza, que la décadence morale de l'Occident ne lui permet pas "au point de vue moral surtout, d'imposer des lois à la conscience des musulmans et de régler leurs actions". Cet anti occidentalisme peut aboutir à des formes extrêmes d'agressivité mentale et de dénigrement alimentant, en même temps que d'autres facteurs, les discours de haine ou les actions de violence. IV - La crise internationale entre la civilisation islamique et l'Occident Cet antagonisme se manifeste évidemment au niveau des relations internationales, comme le démontre amplement l'affaire des caricatures de Mahomet. Cette affaire révèle une incompatibilité entre deux styles de cultures, l'une laïque faisant prévaloir la liberté de conscience et la liberté d'expression sur la liberté de religion, l'autre confessionnelle ne pouvant admettre la critique ou ce qu'on appelle aujourd'hui « la diffamation des religions ». L'affaire des caricatures, indépendamment du fait que le style caricatural n'est pas réellement intériorisé dans l'aire de la civilisation islamique, ne peut se comprendre que rapportée à son contexte particulier politique et psychologique. Les musulmans, « historiques » ou ceux « d'outre-mer », souffrent, comme nous l'avons déjà indiqué, d'un complexe victimaire, alimenté objectivement par les politiques internationales des puissances occidentales. Pour les musulmans, ces caricatures, ce n'était pas vraiment pour rire. En fait, elles s'inscrivent dans un contexte lourdement pollué, par l'idée du complot séculaire de l'Occident contre l'Islam, ce qui explique ces réactions démesurées dans le monde musulman et ailleurs. Cette affaire des caricatures a donné lieu à des protestations de toutes sortes des communautés islamiques aussi bien dans les pays occidentaux que dans l'ensemble du monde musulman. Dans ce dernier cas, nous avons assisté à des explosions de violence, notamment des agressions contre les personnes, les biens, ou les missions diplomatiques et consulaires de certains pays occidentaux. Ces agressions ont été fermement condamnées par le Conseil des ministres de l'Union européenne le 27 février 2006 qui a insisté sur le principe fondamental de la liberté d'expression qui doit s'exercer dans un esprit de respect des religions et autres croyances ou convictions. Par une déclaration conjointe du 7 février 2006, le Secrétaire général des Nations Unies, le Haut Représentant de l'Union Européenne et le Secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique ont affirmé : "Nous comprenons la profonde blessure et l'immense indignation ressentie dans le monde musulman. Nous croyons que la liberté de la presse implique responsabilité retenue et devrait respecter les croyances... " L'Organisation de la conférence islamique a pris l'initiative d'inscrire à l'ordre du jour de la 174e session du Conseil exécutif de l'UNESCO un point supplémentaire : "Liberté d'expression et respect des croyances symboles et valeurs religieux et des cultures". La résolution finale du Conseil exécutif de l'UNESCO adoptée à la 174e session "...7. Défendant l'exercice de la liberté d'expression dans un esprit de respect mutuel et de compréhension mutuelle, exhorte au respect mutuel de la diversité culturelle, des convictions religieuses et des symboles religieux ; " Sur cette ligne de démarcation, si difficile à définir, entre la liberté d'expression et le respect des convictions religieuses, l'UNESCO ne pouvait pas faire plus, ni mieux, que de couper la poire en deux. Le véritable problème consiste à savoir si c'est la liberté d'expression, qui doit tolérer la liberté de religion, ou si c'est cette dernière qui doit tolérer la liberté d'expression. Dans le contexte occidental, il me semble que c'est plutôt la liberté d'expression, liberté première, qui doit tolérer l'existence de la liberté de religion devenue liberté de second rang par rapport à la liberté d'expression. Le tribunal correctionnel de Paris vient d'en donner un témoignage éclatant dans le jugement de sa 17ème chambre rendu le 22 mars 2007. Répondant aux trois plaignants, l'Union des organisations islamiques de France, la Grande mosquée de Paris et la Ligue islamique mondiale, contre le directeur du journal satirique Charlie hebdo, le tribunal devait tout d'abord affirmer que deux des trois caricatures incriminées ne visaient pas l'ensemble de la communauté islamique mais les intégristes radicaux, et que, par conséquent, de ce point de vue, elles n'étaient porteuses d'aucune offense à caractère discriminatoire ou racial. Le tribunal reconnaît que le dessin, repris au journal danois Jyllands Posten, à l'origine de toute cette affaire, et qui montre le Prophète Mahomet coiffé d'un turban avec un boulet explosif est " en soi et pris isolément de nature à outrager l'ensemble des adeptes de la foi musulmane", mais que, replacé dans son contexte général et éditorial, il ne peut "qu'être regardé comme participant à la réflexion dans le cadre d'un débat d'idées sur des dérives de certains tenants d'un islam intégriste ayant donné lieu à des débats violents". L'idée et les mots ne sont pas sans rappeler les affirmations de la Cour européenne des droits de l'homme dans l'affaire Gunduz c. Turquie du 4 décembre 2003. Le tribunal correctionnel devait arriver à la même conclusion que la cour de Strasbourg. Pour lui, "les limites admissibles de la liberté d'expression n'ont pas été dépassées, les dessins litigieux participant au débat public d'intérêt général". Tel me semble être le point de divergence essentiel entre les civilisations islamique et européenne. Il se situe au niveau de l'ordre des priorités. Les uns disent la liberté de conscience et d'expression avant la liberté de religion, les autres renversent l'ordre des priorités. Ce problème capital alimente cet état de crise internationale entre la civilisation islamique et l'Occident. En effet, une véritable crise internationale existe entre la civilisation islamique et l'Occident. Cette crise est entretenue des deux côtés par une série d'événements. De l'autre côté, la prise d'otages du personnel diplomatique et consulaire des États-Unis à Téhéran en 1979, les attentats du 11 septembre 2001, les grandes opérations terroristes de Paris, Londres, Madrid, l'assassinat de Théo Van Gogh, les manifestations de foule et les attaques contre les consulats et ambassades occidentaux à propos de l'affaire des caricatures. Les enceintes internationales telles que l'Assemblée générale des Nations unies, l'Unesco, le Comité des droits de l'homme, le Conseil des droits de l'homme, deviennent évidemment, par la force des choses, l'écho de ces confrontations. Ainsi, le Conseil des droits de l'homme a adopté par 24 voix contre 14 avec 9 abstentions une résolution au cours de sa 31e séance, le 30 mars 2007, dans laquelle il note « avec une vive inquiétude que les déclarations dans lesquelles les religions - l'islam et les musulmans en particulier - sont attaqués auraient tendance à se multiplier ces dernières années dans les enceintes de défense des droits de l'homme ; se déclare profondément préoccupé par les tentatives visant à associer l'islam avec le terrorisme, la violence et les violations des droits de l'homme; note avec une vive inquiétude l'intensification de la campagne de diffamation des religions et le profilage ethnique et religieux des minorités musulmanes depuis les événements tragiques du 11 septembre 2001 ;... se déclare aussi préoccupé par les lois ou les mesures administratives qui ont été spécifiquement conçues afin de « contrôler » et « surveiller » les minorités musulmanes et arabes, les stigmatisant ainsi encore davantage et légitimant la discrimination dont elles sont victimes ;... Engage instamment les Etats à prendre des mesures énergiques pour interdire la diffusion, y compris par des institutions et organisations politiques, d'idées et de documents racistes et xénophobes visant toute religion où ses fidèles, qui constitue une incitation à la haine, à l'hostilité ou à la violence raciale et religieuse... Insiste sur le droit de chacun à la liberté d'expression, qui devrait s'exercer de façon responsable et peut donc être soumis à des restrictions, prescrites par la loi et nécessaire pour le respect des droits ou de la réputation d'autrui, la protection de la sécurité nationale ou de l'ordre public, de la santé ou de la morale publique, et le respect des religions et convictions ;... » De tels propos sont tout à fait significatifs de l'état d'hostilité latente ou déclarée entre le groupe des Etats appartenant à la civilisation islamique et ceux appartenant au « bloc occidental ». Le point de confrontation fondamentale se situe essentiellement entre la liberté d'expression et la liberté de religion. Tel est le nœud gordien des relations internationales dans le monde d'aujourd'hui. V - La recherche du dialogue et l'évaluation positive des valeurs occidentales La crise internationale des civilisations telle que nous venons de la décrire s'avère extrêmement inquiétante pour la paix dans le monde. En suivant son cours, elle pourrait aboutir aux pires ravages qu'a connus la planète. La majorité de l'opinion, aussi bien du côté occidental que du côté islamique, est tout à fait consciente des risques et des dangers. Ainsi, de nombreux Etats engagent résolument leur diplomatie vers la pacification de cette confrontation, par le dialogue des civilisations et des cultures. Par ailleurs, un travail intellectuel intense a lieu aussi bien au sein de l'Unesco et les organisations en régionale à caractère culturel, que par l'intermédiaire de la presse et de l'édition, en vue d'affirmer le dialogue des civilisations et la protection de la diversité culturelle. Le dialogue des civilisations est donc le résultat forcé de cette confrontation toujours menaçante entre les impérialismes, l'hégémonie et l'injustice de la société internationale d'un côté, et le réflexe d'autodéfense qui atteint parfois le degré sacrificiel de la violence terroriste, d'un autre côté. La volonté de dialogue entre les civilisations a déjà été affirmée dans la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies 53-22 du 4 novembre 1998, initiée par le président de la république islamique d'Iran. Les principes de cette résolution ont été réaffirmés plusieurs fois par la suite. Il est intéressant de noter que la résolution 55-23 adoptée le 13 novembre 2000 a bien mis l'accent sur la liaison entre eux la recherche de la paix et le dialogue des civilisations et que dans l'optique onusienne telle qu'elle a été exprimée par le secrétaire général des Nations unies, le dialogue des civilisations constitue « un nouveau modèle de relations internationales ». L'Unesco a évidemment repris à son compte la thèse anti-Huntington. Exprimée par la résolution 31 du 17 novembre 1999 la philosophie de l'Unesco a été suivie d'un certain nombre d'actions et de programmes dans le cadre de l'année des Nations unies pour le dialogue entre les civilisations. Par ailleurs l'Unesco, suite à l'adoption de la déclaration universelle sur la diversité culturelle adoptée par la 31e session de la conférence générale de l'Unesco le 2 novembre 2001 a fini par élaborer une convention internationale le 20 octobre 2005 sur « la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles ». Volonté de paix par le dialogue interculturel, volonté « d'humaniser la mondialisation », volonté de réaffirmer à la fois l'unité et la pluralité naturelle et spirituelle du genre humain, de considérer les biens et services culturels autrement que simples marchandises, enjeu du commerce mondial, telles sont les idées clés qui animent la déclaration puis la Convention de l'Unesco sur la diversité culturelle. Dans la Convention de l'Unesco la diversité culturelle reçoit une définition extrêmement large qui l'identifie quasiment au concept de civilisation. Avec cette signification élargie, la diversité culturelle a pour ambition de dépasser les contradictions majeures de l'organisation du monde : contradiction entre l'unité de l'humain et les spécificités culturelles, contradiction entre le moderne et le traditionnel, entre l'Occident et le reste du monde, entre les civilisations supérieures et les civilisations inférieures, les grandes et les petites cultures, l'économie et la culture. Cette même volonté se trouve au coeur du partenariat euro méditerranéen, dans le cadre du processus de Barcelone. La Déclaration de Barcelone se révèle particulièrement sensible à un problème de fond extrêmement important : éviter ou réduire les antagonismes entre les civilisations. Tel est le contenu de ce qu'on appelle la "troisième corbeille". Nous lisons dans la déclaration de Barcelone : "Les participants reconnaissent que les traditions de culture et de civilisations de part et d'autre de la Méditerranée, le dialogue entre ces cultures et les échanges humains, scientifiques et technologiques sont une composante essentielle du rapprochement et de la compréhension entre leurs peuples et d'amélioration de la perception mutuelle. Dans cet esprit, les participants conviennent de créer un partenariat dans les domaines social, culturel et humain. À cet effet : ....- ils réaffirment que le dialogue et le respect entre les cultures et les religions sont une condition nécessaire au rapprochement des peuples. À cet égard, ils soulignent l'importance du rôle que peuvent jouer les médias dans la connaissance et la compréhension réciproques des cultures, en tant que source d'enrichissement mutuel ;...". Cette déclaration va se concrétiser par exemple par le programme d'action pour le dialogue entre les cultures et les civilisations adoptées par les 27 membres du partenariat euro méditerranéen au cours de la conférence ministérielle de Valence en avril 2002, la création de l'Assemblée parlementaire euro méditerranéenne, l'institution d'une Fondation Euro-méditerranéenne pour le dialogue des cultures. La politique de voisinage initié par Romano Prodi en mars 2003 prend en compte aussi bien la coopération dans le domaine politique de sécurité et de prévention des conflits sur la base de « valeurs partagées » que la promotion des contacts de peuple à peuple par l'éducation, la recherche, et la culture. Dans cette perspective, ont été élaborés les programmes euromed-héritage, Euromed-jeunesse et Euromed audio-visuel. Sur cette question, il existe par conséquent un point de vue diplomatique ambitieux et optimiste. Ce point de vue ne doit pas être jugé exclusivement sur la base des accords d'association. L'objectif de ces accords est restreint : un objectif politique et sécuritaire, doublé d'une zone de libre-échange, avec ses règles particulières, notamment en matière de concurrence. Mais les accords d'association ne sont qu'un élément du processus de Barcelone, tel qu'il ressort de la déclaration du 28 novembre 1995. Ce dernier comprend trois niveaux : espace commun de paix et de sécurité, zone de libre-échange, partenariat social, culturel et humain. Il y est question de "compréhension entre les cultures". Ces manifestations et élans vers le dialogue des civilisations ont touché les sphères les plus hautes de la diplomatie mondiale. C'est ainsi qu'à l'initiative du premier ministre espagnol M. Zapatero et du premier ministre turc M. Erdogan, a été créé auprès du Secrétariat général des Nations unies le « comité de l'Alliance des civilisations ». Dans le même ordre d'idées a été lancé « L'atelier culturel : Europe- Méditerranée-Golfe. Dialogue des peuples et des cultures » inauguré officiellement par le président Jacques Chirac à Paris en septembre 2006 et dont les travaux doivent se poursuivre à la fin du mois de juin 2007 à Séville puis en 2008 à Alexandrie. Pour l'organisation de cette conférence originale, ni totalement privée, ni entièrement gouvernementale, ni exclusivement intellectuelle, ni totalement diplomatique, le gouvernement français a travaillé en partenariat avec la plate-forme non-gouvernementale euro méditerranéenne, ainsi qu'avec la fondation euro méditerranéenne Annah Lindh d'Alexandrie pour le dialogue entre les cultures. Organisé en ateliers thématiques au nombre de six. Dans son discours inaugural, le président Jacques Chirac a tout d'abord mis en lumière, avec réalisme, l'état des malentendus, des rancunes, de la peur et de l'incompréhension qui règne autour de la Méditerranée pour déboucher sur un appel qui est le suivant : « aujourd'hui, l'urgence nous sollicite. Il faut dissiper les stéréotypes, les peurs et les mauvais souvenirs afin de croiser enfin nos regards, de surmonter ce qui nous oppose et de construire notre avenir partagé. » Sa conclusion, au coeur de notre sujet, est la suivante : « On ne résoudra rien par la force. On n'apaisera rien non plus par la caricature et l'exclusion. La diabolisation de l'Occident d'un côté, de l'autre la suspicion envers l'Islam, présenté comme réfractaire à la modernité, autant de dangereux stéréotypes qui doivent être combattus par un effort mené en commun. À l'esprit de croisade, fondé sur l'ignorance, au prosélytisme militant qu'inspire une vision totalitaire de l'humanité, opposons l'esprit de dialogue fondé sur la connaissance, la tolérance et la volonté d'ouverture. » Il ne faut pas oublier en effet que si la mondialisation favorise le développement du fondamentalisme, elle travaille également au service de l'éclosion et du développement d'un islam réformé, moderniste et libéral. Le paradoxe de la mondialisation, c'est qu'elle offre à l'Islam la possibilité d'un islam mondial mais le soumet aux contraintes du pluralisme, de la relativité et du consumérisme. Un auteur appartenant à l'ère de civilisation islamique, Darush Shayegan, n'hésite pas à intituler l'un de ses ouvrages : « La lumière vient de l'Occident ». Il y affirme : « Le seul événement qui puisse faire barrage à la poussée viscérale de l'obscurantisme religieux, c'est, du côté du versant oriental, la réintégration des principes des lumières dans ce qu'ils ont de plus fondamental et, du côté du versant occidental, la réhabilitation du continent perdu de l'âme.» Reprenant la thèse de Vaclav Havel, l'éminent auteur ajoute : « il n'y a plus de nos jours de blocs de civilisations homogènes opposés à d'autres. On a beau établir des oppositions binaires du genre : l'Occident et les autres, l'Ouest et l'Est, le Nord et le Sud, tout cela se dilue et se durcit à la fois dans des coagulations variées, dans des dosages extrêmement nuancés, dans des constellations se désintégrant et se reconstituant à chaque instant. Il est vrai que le réformisme libéral a marqué la pensée islamique depuis la moitié du XIXe siècle. Son maître-mot pourrait être le titre du fameux ouvrage du poète et philosophe indien Mohammad Iqbal : "Reconstruire la pensée religieuse de l'islam. Ce dernier, familier avec la grande philosophie et les sciences européennes modernes, a élevé la pensée islamique à un niveau philosophique rarement atteint par le réformisme. Les « Plaidoyers pour un islam moderne », pour reprendre l'expression de Mohamed Talbi, marquent encore tout le parcours de l'Islam depuis plus d'un siècle et demi. Malgré cette spectaculaire révolution de la pensée en terre d'islam, les plus grandes avancées de la pensée théologique, politique et juridique se réalisent dans les nouvelles terres occidentales de l'Islam. Il se développe en effet aujourd'hui en Europe, aux Etats-Unis, au Canada, un islam réellement novateur qui, tout en sauvegardant les présupposés dogmatiques et le culte, rejette cependant les apports, jugés aujourd'hui rétrogrades et archaïques, du corpus savant classique. Un renouveau de la pensée islamique y est à l'œuvre. Ce renouveau s'incarne dans le réseau des musulmans progressistes aux Etats-Unis, aussi bien que dans l'émergence de nombreuses associations et lobbies dont le travail va déboucher sur l'intégration de l'islam dans la religion civile américaine et l'acceptation des valeurs fondatrices de l'Amérique. Plus généralement, la question est de savoir comment se définir comme Américain et musulman, européen et musulman. Les difficultés de l'intégration sont infinies et les tentations du démarquage ou même du séparatisme, contrepartie du racisme et de la xénophobie, existent comme elles ont existé pour Nation of Islam, avant ses conversions. Mais la force du destin occidental de l'Islam peut s'imposer, malgré le 11 septembre et les attentats de Paris, Londres ou Madrid. Le prouvent ces musulmans du for intérieur, ces musulmans non croyants mais de simple culture, ces musulmanes qui portent le voile à l'intérieur,ces perennials movements, ces partisans de la shari'a de minorité, ces nouveaux penseurs de l'islam, que sont Muqtadar Khan, Fazlu Rahman, Abdallah Naïm, Farid Esack, Khaled Abu el- Fadl, Ismael Al-Faruqi, Soheïb Ben Cheikh, l'équipe du CSID, Center for the Study of Islam and Democracy, défenseurs d'un islam des droits égaux de l'Homme, de la liberté, en particulier la liberté de conscience, de la démocratie et de la laïcité, du dialogue des religions. Le prouve également l'épanouissement des schismes pourchassés et persécutés en terre d'Islam, comme les Ahmadiyya ou les Bahaïs. Ce renouveau peut aller fort loin, dépasser les interdits les plus tenaces, provoquer l'horreur et le scandale des biens pensants. Il en est ainsi lorsqu'il offre une affiche mondialisée par Internet aux « courants maudits » des musulmans gays, lesbiennes et transsexuels. Sans aller jusque là, le mouvement féministe constitue le support le plus important de cette révolution islamique moderne. Le militantisme féministe mené par Asma Barlas, Azizah Hibri, Ingrid Mattson, Amina Wadud, reprend en fait les idées de Qaçim Amine et Tahar Haddad, rappelant que les normes inégalitaires entre les sexes sont dues au contexte historique, qu'il faut revenir aux sources scripturaires de l'islam authentique, puiser dans les ressources infinies de l'ijtihad. En conséquence, le gender jihad répudie les règles concernant la répudiation, la polygamie, l'inégalité successorale, l'inégalité devant les règles du témoignage etc. Mais tout cela n'est pas fondamentalement nouveau, à part le fait que la mondialisation donne aux événements une visibilité exceptionnelle. En revanche, la limite qu'on pouvait supposer infranchissable sera franchie, le vendredi 18 mars 2005, ce jour où Amina Wadud, dirigera publiquement la prière du vendredi à la tête d'une assemblée mixte de fidèles au Sundaran Tagore Gallery de New York. Ce geste inaugural fut condamné par les milieux de la religion officielle. Conclusion Ainsi, les rapports de l'Islam avec l'Occident sont à la fois complexes et contradictoires. Face au réel et à ses évènements deux discours s'affrontent. Le premier consiste à plonger le regard dans ce réel, soit pour le décrire et l'analyser, comme le ferait un historien ou un analyste objectif, soit pour l'exploiter, l'aggraver et l'alimenter, comme le ferait un militant intégriste islamiste ou un fondamentaliste occidental de l'extrême droite, défendant pied à pied la pureté de la civilisation occidentale, sa supériorité, voire même son droit de soumettre le monde. Dans le premier cas, celui de l'islamiste radical, comme dans le deuxième, celui du fondamentaliste d'extrême droite occidental, le discours procède d'une perspective essentialiste qui croit fermement à la pureté des races, des cultures et des civilisations et à leur incommunicabilité. Le deuxième discours est un discours volontariste dérivant d'une perspective humaniste. Ce deuxième discours prend acte de cette réalité tragique des heurts entre les civilisations, mais refuse de l'accepter et propose, par conséquent, de la dépasser par l'instauration d'un dialogue d'une entente ou d'une « alliance entre les civilisations ». Il procède d'un point de vue éthique et normatif. Il est partagé aussi bien par des hommes politiques, des professionnels de la diplomatie internationale, que par des intellectuels appartenant aux deux aires de civilisation. Le premier point de vue ne peut conduire qu'à la ruine et l'anéantissement. Le réel ne peut être laissé à lui-même. Même si on est convaincu que les idées et les normes ne peuvent diriger l'histoire immédiate, on sait que la paix fait partie, comme l'agression, des instincts humains. Le discours humaniste peut aider la concrétisation de cet instinct.
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