C'est simple , du coté droit tous es beau , il ya de la musique ext et du coté gauche , tous est sombre , il n'y a pas de présence humaine ..
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Evitons d’emblée, la traditionnelle lecture mythologique, approche iconographique dont l’ineptie conservatrice n’est plus à souligner. Identifier tel ou tel personnage pour répéter des histoires connues de tous, c’est réduire la peinture à l’illustration, fut-elle didactique, d’un énième dictionnaire de mythologie. Or, Poussin, vrai peintre classique, ne raconte jamais une histoire mais découvre, au sens originel du terme, derrière la brillance de la mythologie, l’essence du mythe. Chez lui, l’idéal classique ne se satisfait pas non plus d’un paganisme univoque, et les mythes qu’il met en scène, surtout à partir des années 1640, supposent un double prolongement : comme d’autres de ses compositions de la maturité, Orphée et Eurydice, offre ainsi un développement chrétien du mythe antique, que le paysage, dans son ample développement, entend unifier.
Orphée et Eurydice, ce sont deux tableaux dont la lecture parallèle et simultanée éclaire la conception d’ensemble. En traçant la verticale du mât du navire qui se reflète dans le cours d’eau, Poussin nous invite d’ailleurs explicitement à cette binarité. Parce que chaque partie renvoie à un état de l’humanité – un âge d’or virgilien à droite, et une déchéance biblique à gauche – le peintre choisit de placer Eurydice sur l’exacte ligne de coupure. Comme la lame d’une épée, cette ligne verticale fixe la tête, l’obligeant ainsi à une pénible torsion . Mouvements contradictoires qu’il serait vain de réduire à la folle panique qui suit la morsure du serpent : l’infortunée Eurydice correspond à un temps désormais révolu- le passage douloureux de la mort – et sa position centrale la condamne à errer entre les tableaux. La main droite qu’elle tend ainsi désespérément vers le personnage qui lui tourne le dos ne parvient pas à l’effleurer car sa mort l’a déjà précipitée dans une géographie (une dimension comme l’on dirait volontiers au jourd’hui) qui n’appartient plus au monde des vivants. D’où l’impression un peu irritante que procure ce personnage debout, très statique, comme posé isolément parmi les autres acteurs, et dont le rôle, outre celui d’un pivot entre deux parties antagonistes, accuse la transparence d’Eurydice. Transparence visuelle et tactile réflexive de celle qui se résume à un cri, de l’au-delà et de nulle part, seulement entendu par le pêcheur qui se retourne distraitement.
Ainsi, Poussin, parvenu à la maturité de son art, ne craint pas d’évacuer la figure principale du sujet pour clarifier les mobiles essentiels du propos. Eurydice n’appartient plus au tableau parce qu’elle engage un autre drame qui déborde du cadre étroit de sa destinée. A la vérité, peu de peintres ont montré autant d’épuration dans l’appréhension du sujet.
Référence(s) :
http://delapeinture.com/2010/03/04/orphee-et-eurydice-de-nicolas-poussin/http://www.insecula.com/salle/MS00036.html
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