Le mieux est lire l'ode d'Horace en entier et de laisser chacun l’interpréter selon le sens qu'il souhaite lui donner :
Tu ne quaesieris (scire nefas)
quem mihi, quem tibi finem di dederint,
Leuconoe,
nec Babylonios temptaris numeros.
Vt melius quicquid erit pati !
Seu pluris hiemes seu tribuit Iuppiter
ultimam, quae nunc oppositis
debilitat pumicibus mare Tyrrhenum,
sapias, uina liques et spatio breui
spem longam reseces.
Dum loquimur, fugerit inuida aetas :
carpe diem, quam minimum credula postero.
Ne cherche pas à connaître, il est défendu de le savoir,
quelle destinée nous ont faite les Dieux, à toi et à moi,
ô Leuconoé ;
et n'interroge pas les Nombres Babyloniens.
Combien le mieux est de se résigner, quoi qu'il arrive !
Que Jupiter t'accorde plusieurs hivers,
ou que celui-ci soit le dernier qui heurte maintenant
la mer Tyrrhénienne contre les rochers immuables,
sois sage, filtre tes vins et mesure
tes longues espérances à la brièveté de la vie.
Pendant que nous parlons, le temps jaloux s'enfuit.
Cueille le jour, et ne crois pas au lendemain.
Référence(s) :
Horace, Odes, 1, 11, 8. [Traduction : Ch.-M. Leconte de Lisle (1818-1894), Horace, traduction nouvelle ; Paris, A. Lemerre, 1911.]
Et voilà bien encore la preuve que sortir une phrase d'un texte - et donc de son contexte - mène au désordre et à l'incompréhension !
L'épicurisme n'est qu'une des multiples ramifications de cette phrase hors-contexte, mais n'est en aucune raison le pendant copié-collé de la totalité de ce texte comme cité ci-dessus !
(Ne jamais confondre parachute et char à putes) :)
- TheFurax
Je trouve que cette maxime est splendide. A condition qu'on pousse le raisonnement un peu plus loin. Ce que beaucoup ne font pas.
Quand Horace dit à Leuconéo : "cueille le jour présent sans te soucier du lendemain" ( ou alors "et sois la moins crédule possible pour le jour suivant", voici la deuxième traduction possible), il veut lui dire aussi de s’intéresser au futur tout en prenant compte du passé (pour ne pas refaire les mêmes erreurs par exemple) mais aussi en vivant l'instant présent. en le chérissant. car il est le lien entre le passé, le futur et tout ce qui fait que notre Moi.
Beaucoup de personne aujourd'hui dirait "Carpe Diem! donc je vais aller fumer des joins et boire de l'alcool". Je ne suit pas leur mode de pensée. Moi, personnellement, je dirais "Carpe Diem! Je cueille le jours, j'en profite tout en pensant au lendemain".
Après je tiens à rappeler que cette maxime est veille de plusieurs siècles et qu'elle a était reprise par beaucoup de personne. Notamment Ronsard et Queneau. Et que chacun en aura sa propre interprétation car chacun y associera ses souvenirs, ses rêves, ses envies, ses délires, ses doutes...
Cette maxime traite aussi de la crainte de la mort. Horace dit à Leuconoé de vivre l'instant présent. de ne pas s'inquiéter du futur MAIS QUE D'UNE CERTAINE MANIÉRÉ. C'est à dire qu'il faut vivre l'instant présent comme si jamais il n'y avait pas un risque que tout cela s'arrête.
La crainte de la mort est un thème récurrent chez la totalité des philosophes. Épicure dit même, si je me souviens bien, que c'est la crainte de la mort qui nous pousse à chercher le bonheur.
Horace ne dit pas de ne pas s'investir dans son futur. Encore une fois, il faut reprendre la phrase dans son contexte. On découvre alors le sens caché que les quelques mots seuls ne peuvent pas dévoiler.
Aprés, bien sur, chacun son interprétation. chacun sa façon de voir les choses. Chacun y associe sa façon d'être. Ce qui permet les débats (heureusement ^^ )