Il est clairement établi que certaines nanoparticules insolubles peuvent franchir les différentes barrières de protection de l’humain, se distribuer dans l’organisme et s’accumuler dans certains organes et à l’intérieur des cellules. Des effets toxiques ont déjà été documentés aux niveaux pulmonaire, cardiaque, reproducteur, rénal, cutané et cellulaire.
Alors qu'une revue de littérature publiée en 2006 concluait que la toxicité était liée à la surface des particules et non à leur masse, on sait aujourd’hui que de nombreux autres facteurs peuvent influencer la toxicité de ces produits dont leur taille, leur nombre, leur forme et leur structure cristalline, leur tendance à l’agrégation, leur réactivité de surface, leur composition chimique et leur solubilité. Évidemment, l’évaluation du risque pour la santé doit également tenir compte de la voie d’exposition, de la durée et de la concentration de même que de la susceptibilité individuelle ainsi que de l’interaction des particules avec les composantes biologiques et leur évolution biologique.
Quoique de grandes tendances se dessinent et démontrent de nombreux effets toxiques reliés aux NP, il ressort que chaque produit pourrait avoir une toxicité qui lui est propre. Le responsable de cette revue de littérature, le chimiste Claude Ostiguy, croit que « Les effets toxiques documentés sur des animaux de même que les caractéristiques physico-chimiques des NP justifient de prendre dès à présent toutes les mesures nécessaires pour limiter l’exposition et protéger la santé des personnes potentiellement exposées. »
Préoccupation d’avenir
L’instauration de procédures strictes de prévention demeure, selon lui, la seule façon de prévenir l’exposition professionnelle et le risque de développement de maladies professionnelles autant pour les chercheurs et les étudiants qui font le développement que pour les travailleurs qui oeuvrent à la synthèse, à la transformation ou à l’utilisation de NP. Il recommande que les efforts de recherche soient axés sur le développement de stratégies et d’outils d’évaluation de l’exposition de même que sur le développement et la mesure de l’efficacité de moyens de contrôle de l’exposition professionnelle aux NP.
On prévoit que le nombre de travailleurs québécois exposés aux NP, tant par leur utilisation et leur transformation que par leur production, s’accentuera au cours des prochaines années. Plusieurs produits sont déjà commercialisés et quelques entreprises québécoises ont maintenant la capacité de fabriquer des NP à grande échelle. D’ailleurs, l’IRSST publiera sous peu un guide de bonnes pratiques pour la manipulation sécuritaire des nanoparticules.
La revue de littérature est disponible et téléchargeable sans frais sur le site de L'IRSST