Ceux-là mêmes qui comptaient parmi vos compagnons n’ont pas défendu vos mémoires.
«Votre cadeau est empoisonné !»
Décidément, on aura tout vu dans cette Algérie d'un million et cinq cent mille martyrs. En vue des élections législatives et pour sensibiliser les citoyens, le pouvoir en perte de vitesse, mais qui veut se refaire une virginité encore une fois, printemps (bouillabaisse) arabe oblige, est prêt à tout faire.
La dernière blague est sortie du récent congrès de l’ONM (Organisation nationale des moudjahidine), le sont-ils tous vraiment ? En effet, un demi-siècle après l'indépendance du pays, on vient de se rappeler que les héros qui ont libéré la patrie en sacrifiant leurs vies avaient des enfants. Mais cette grande générosité de nos décideurs envers les enfants de chouhadas n'est moins d'autre qu'une manière de les humilier après les avoir ignorés un demi-siècle durant. Oui ! Messieurs. Car, en octroyant une réduction de 60% sur les droits et taxes pour tout achat d'un véhicule touristique neuf (les lecteurs conviendront avec moi que ce n'est que des miettes qui tombent du grand sandwich qu'ils se partagent), ils croient avoir rendu hommage à ceux qui leur ont permis, par leur sacrifice, de s'approprier les richesses du pays et d'en user à leur guise. Toutes les revendications, de surcroît légitimes, des enfants de chouhadas sont restées lettre morte. L'allocation mensuelle dont ils bénéficiaient à partir de 1963, le dinar symbolique (première humiliation) a été gelée peu de temps après. Le mépris envers cette catégorie de la «famille révolutionnaire» n'émane pas seulement des gouvernants mais surtout de ceux qui, soi-disant, ont fait le serment à leurs «frères» tombés au champ d'honneur, de défendre la veuve et l'orphelin. Ceux-là mêmes qui nous narguent en nous répétant sans cesse que nos pères n'ont fait que leur devoir et que l'Etat ne va pas nous prendre en charge. Cet Etat même qui les a pris en charge avec des pensions dont le montant grimpe sans cesse jusqu'à dépasser les revenus des honnêtes gens qui ont usé le fond de leur pantalon sur les bancs des grandes écoles et qui participent au développement du pays, sans parler des différents avantages et des privilèges dont ils jouissent. Nous ne terminerons pas sans rappeler la polémique sur le nombre des moudjahidine émargeant à l'ONM. Monsieur Ahmed Benchérif avait eu le courage, un jour, d'annoncer qu'au 19 mars 1962 l'effectif des moudjahidine était de 10 000. Cet acteur de la guerre de Libération a été contraint de se taire. Pourquoi ? Monsieur Saïd Abadou, patron de cette organisation, à qui l'on demandait depuis des années de donner le chiffre exact, a attendu mars 2012 pour le faire et nous dit qu'ils sont 127 000. Et personne ne le croit, bien sûr. Alors, nous vous disons, messieurs, que ce n'est qu'un cadeau empoisonné que vous nous offrez et que nous éviterons d'avaler afin que nous vous survivions par la grâce de Dieu et vous voir, à cause de tout ce que vous avez accaparé, vivre et mourir avec les remords. Le soleil brille sur tout le monde.
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