Cancer de la prostate
Objectifs :
– Diagnostiquer une tumeur de la prostate.
– Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.
L’incidence du cancer de la prostate en France est de 300/100 000 entre 60 et 70 ans et
supérieure à 500/100 000 après 70 ans. Plus de 70 % des cancers de la prostate sont
diagnostiqués après 70 ans.
Le nombre de cas diagnostiqués en France est estimé à 26 500 par an.
1. Rappels anatomiques
· La prostate est une glande génitale qui entoure la partie initiale de l’urètre masculin.
· La prostate a approximativement la forme et le volume d’une châtaigne et pèse de 15 à 20
grammes.
· La prostate est entourée d’une capsule conjonctive, et est constituée de deux parties,
ressemblant à un oeuf dans un coquetier. La prostate centrale forme l’oeuf, la prostate
périphérique, formant le coquetier. La face postérieure est divisée par un sillon médian.
· La plupart des cancers de la prostate se développent dans la zone périphérique.
Toutefois, certains se développent à partir de la zone dite de transition.
· Le drainage lymphatique est effectué par les ganglions obturateurs, hypogastriques,
iliaques externes, présacrés et du promontoire.
2. Facteurs de risque
2.1.Les antécédents familiaux :
Trois formes de cancer de la prostate sont à distinguer en fonction des antécédents familiaux :
une forme héréditaire, une forme familiale et une forme sporadique.
2.1.1 Forme héréditaire:
Existence de trois cas au moins de parents au premier degré avec un cancer de la prostate, ou
deux parents au premier degré avec un cancer de la prostate survenu avant 55 ans.
Dans ces familles à risque, le risque est lié à un gène (HPC non identifié) à transmission de
type autosomale dominante, avec une pénétrance élevée (60 à 80 % de risque de développer
un cancer de la prostate avant 80 ans). Ces cas représentent 8 à 9 % des cancers de la prostate
2.1.2 Forme familiale
Cancer de la prostate survenant dans la même famille mais ne répondant pas aux critères du
cancer “ héréditaire ”.
2.1.3. Forme sporadique dans tous les autres cas, quand il n'y a pas d'antécédent familial
direct.
2.2.L’origine ethnique
Incidence plus élevée (d’un facteur 1.6) chez les hommes de descendance africaine, plus
faible chez ceux d’origine asiatique.
3. Diagnostic
Le développement du cancer de la prostate se fait à partir de la glande périphérique dans près
de 70 % des cas. Dans 30 % des cas, ils se développent à partir de la zone de transition.
3.1. Circonstances de découverte
3.1.1. Découverte d’examen systématique
Il n’y a pas de dépistage systématique de masse du cancer de la prostate en France. En
revanche, le dépistage individuel est possible, reposant sur l’examen clinique de la prostate
par le toucher rectal, et un dosage biologique, le PSA.
3.1.1.1. Toucher rectal
Le diagnostic doit être évoqué devant un nodule, un lobe prostatique dur au toucher rectal ou
parfois une simple asymétrie de consistance de la prostate.
3.1.1.2. PSA (Prostatic Specific Antigen)
Le dosage du PSA total (valeur seuil à 4 μg/L) reste le test biologique de référence pour le
dépistage et l’indication de biopsies.
3.1.1.3. Découverte histologique
Sur pièce d’adénomectomie ou de résection endoscopique transurétrale.
3.1.2. Révélé par des signes d’extension aux organes de voisinage
Rarement révélateur d’un cancer de la prostate à un stade avancé, les signes cliniques sont en
rapport avec les organes atteints : l’urètre, la vessie, voire les bas uretères par envahissement
direct du trigone.
3.1.4. Révélé par des métastases
3.1.4.1. Métastases osseuses
· L’os est le premier site des métastases du cancer de la prostate, avec une forte
prédominance de l’atteinte du rachis.
· Révélées par des douleurs, ou des fractures pathologiques, ou par une compression
médullaire.
· Ou sur des radiographies, découverte fortuite d’un foyer ostéocondensant, ou plus
rarement lytique.
3.1.4.2. Autres métastases
· Adénopathies lombo-aortiques ou iliaques à l’origine d’un oedème des membres
inférieures par compression veineuse.
· Métastases hépatiques ou pulmonaires.
3.2. Éléments du diagnostic
3.2.1. Toucher rectal
· Il doit être réalisé de manière systématique. La vessie du patient étant vide, l'index du
médecin explore le volume, la consistance et la régularité de la glande.
· La valeur prédictive positive du toucher rectal est évaluée entre 20 et 50 %.
· Le toucher rectal anormal est une indication formelle de biopsie même si le taux de PSA
est normal.
· Le diagnostic doit être évoqué devant un nodule, un lobe prostatique dur au toucher rectal
ou parfois une simple asymétrie de consistance de la prostate.
3.2.2. Dosages biologiques
3.2.2.1. Antigène spécifique prostatique (PSA)
· L'antigène prostatique spécifique est une glycoprotéine sécrétée essentiellement par les
cellules épithéliales de la prostate et les glandes périurétrales.
· Cet antigène est présent en concentration importante dans le liquide séminal.
· Sa demi-vie dans le sérum est de deux à trois jours.
· L'élévation du PSA sérique survient quand une anomalie de l'architecture prostatique
permet au PSA d’être diffusé hors de la prostate dans la circulation sanguine.
· Le dosage du PSA total (valeur seuil à 4 μg/L) reste le test biologique de référence pour le
dépistage et l’indication de biopsies.
Le PSA est un marqueur spécifique de la prostate mais non du cancer de la prostate.
L’augmentation du taux de PSA est observée au cours de :
· l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) (corrélée au volume),
· des prostatites aiguës : élévation réversible
3.2.3. Échographie endorectale
· Cet examen permet d’apprécier le volume, la symétrie, les contours de la glande et son
échogénicité.
· La tumeur apparaît sous la forme d’un nodule hypoéchogène périphérique
· L’échographie participe au bilan d’extension en précisant l’atteinte du lobe controlatéral
ou des vésicules séminales, plus qu’une effraction de la capsule
3.2.4. Anatomopathologie
Seul l’examen anatomopathologique permet d’affirmer le diagnostic d’adénocarcinome
prostatique.
3.2.4.1. Ponction-biopsie prostatique (PBP)
· La PBP se pratique par voie transrectale sous contrôle d’un échographe endorectal,
permettant des prélèvements étagés dans les deux lobes et/ou dirigés vers un nodule.
· Elles sont réalisées sous antibiothérapie en prophylaxie des infections prostatiques, après
lavement évacuateur, et après vérification des tests biologiques de coagulation.
· Six à 12 biopsies (3 à 6 dans chaque lobe) sont effectuées, numérotées et reportées sur un
schéma.
L’étude histologique permet de déterminer, en fonction des aspects architecturaux de
l’adénocarcinome, le score histopronostique de Gleason.
Le score de Gleason est basé sur le grade de
différentiation architecturale de l’adénocarcinome de
la prostate : 5 grades sont définis, classés de 1 à 5.
· Le cancer de prostate est hétérogène, et on ne
retient que les deux contingents les plus
représentés.
· Les deux grades les plus fréquents sont additionnés
pour obtenir le score de Gleason (par exemple :
grades 3+4 = score 7).
Effets indésirables des biopsies prostatiques :
· Les complications infectieuses (prostatite), justifiant une antibioprophylaxie
systématique.
· Les complications hémorragiques : saignements, rarement majeurs (nécessitant une
hospitalisation ou une transfusion), ou hématuries mineures.
· Les effets secondaires doivent être énoncés au patient.
3.3. Bilan d’extension
Il est réalisé dès que le diagnostic est confirmé histologiquement.
Il a pour but de préciser les éléments nécessaires à la prise de décision thérapeutique :
· Le franchissement capsulaire.
· L’atteinte des vésicules séminales.
· L’atteinte ganglionnaire.
· L’atteinte métastatique osseuse.
· Le retentissement urologique (troubles mictionnels, atteinte du haut appareil).
3.3.1. Bilan de l’extension locale : franchissement capsulaire et atteinte des
vésicules séminales
3.3.1.1 Toucher rectal : cf
3.3.1.2. Échographie endorectale
Elle permet de préciser :
· Le siège de la tumeur : nodule hypoéchogène mal limité
· Le franchissement de la capsule,
· L’atteinte des vésicules séminales (possibilité de biopsie dirigée des vésicules).
3.3.1.3. Biopsies : cf
La proportion de tumeur sur les carottes biopsiques permet d’apprécier le volume tumoral.
3.3.1.4. IRM de la prostate
· L’IRM permet de voir les zones tumorales : en T2, la tumeur apparaît en hyposignal au
sein d’une prostate en hypersignal. En T1, la tumeur est rehaussée après injection de
produit de contraste.
· Elle peut montrer un franchissement capsulaire
3.3.2. Bilan de l’extension régionale : recherche de métastases ganglionnaires
Premiers relais ganglionnaires : les chaînes lymphatiques ilio-obturateurs
3.3.2.1 Scanner pelvien et IRM
Ils ne mettent en évidence que des adénopathies pathologiques que si leur taille est supérieure
à 1,5 cm.
3.3.2.2. Curage ganglionnaire chirurgical, hypogastrique, iliaque externe
· Seul moyen de faire avec certitude un bilan d’extension lymphatique exact, il peut
modifier la décision thérapeutique.
· Réalisé uniquement en l’absence de métastase à distance.
· En premier temps de la prostatectomie radicale (avec étude histologique extemporanée et
décision peropératoire de ne pas faire de prostatectomie si les ganglions sont envahis).
· Ou préalablement à la prostatectomie ou à la radiothérapie, par voie coelioscopique.
3.3.3. Recherche de métastases osseuses
Si le PSA est inférieur à 10, la probabilité d’avoir une atteinte osseuse est faible, justifiant
l’absence d’examen chez un patient asymptomatique
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