Référence(s) :
Politique France
Périlleuse négociation sur les retraites complémentaires
Les régimes complémentaires de retraite Agirc (cadres) et Arrco (ensemble des salariés), dont les gestionnaires se sont réunis hier en prélude à une nouvelle négociation, vont se trouver confrontés dans les prochaines années à un choc démographique. À l'horizon de 2050, les effectifs de retraités à l'Arrco devraient être multipliés par plus de 2 et la masse des pensions servies par le régime serait multipliée par 2,7 par rapport à 2006. Or, si le régime de base de retraite de la Sécurité sociale peut faire face à l'accumulation des déficits, que l'État transfert ensuite dans une caisse d'amortissement, l'Agirc et l'Arrco n'ont pas cette latitude. Les régimes se doivent d'être à l'équilibre pour verser les pensions complémentaires, qui représentent en moyenne 66 % de la retraite totale d'un salarié cadre, et 33 % pour un non-cadre. C'est tout l'enjeu de la négociation entre partenaires sociaux, à partir du 27 janvier, de faire évoluer les paramètres pour maintenir les régimes à flot, sans pénaliser trop durement les assurés. L'avenir de l'AGFF (Association pour la gestion des fonds de financement), qui finance la retraite complémentaire entre 60 et 65 ans, est également dans la balance, puisqu'elle arrive à échéance fin mars. Or, avant même le début des discussions entre patronat et syndicats, les passes d'armes ont débuté. Jean-René Buisson, le président de la Commission protection sociale du Medef, a déclaré à propos de l'AGFF qu'« on peut décider de la maintenir ou pas » ou du moins « utiliser le levier de l'âge » pour remonter à 62 ou 63 ans la possibilité de liquider une retraite complémentaire. Force ouvrière a aussitôt dénoncé « une provocation », soulignant qu'à défaut de reconduction de l'accord AGFF, « les retraites complémentaires pourraient être amputées jusqu'à 22 % ». L'organisation syndicale a donc appelé les salariés qui le pouvaient « à faire liquider immédiatement leurs droits à pension » et au plus tard le 1er avril 2009. Baisse du rendement Les partenaires sociaux s'opposent également sur les ressources à trouver pour équilibrer, sur le long terme, l'Arrco et surtout l'Agirc, menacée à plus court terme (voir graphique). Le Medef a prévenu qu'il était « hors de question d'augmenter les cotisations patronales, qu'il s'agit plutôt de faire baisser ». « Il ne serait pas choquant en revanche de poursuivre la baisse du rendement », a proposé Jean-René Buisson. Les syndicats veulent à l'inverse augmenter les cotisations et stopper la baisse considérable du niveau des pensions des futurs retraités. Pour la génération née en 1965, qui liquidera sa retraite en 2030, les retraites Arrco seront inférieures de 30 % à ce qu'elles auraient été si le rendement était resté à son niveau de 1992.
Véronique Chocron
Politique France
Périlleuse négociation sur les retraites complémentaires
Les régimes complémentaires de retraite Agirc (cadres) et Arrco (ensemble des salariés), dont les gestionnaires se sont réunis hier en prélude à une nouvelle négociation, vont se trouver confrontés dans les prochaines années à un choc démographique. À l'horizon de 2050, les effectifs de retraités à l'Arrco devraient être multipliés par plus de 2 et la masse des pensions servies par le régime serait multipliée par 2,7 par rapport à 2006. Or, si le régime de base de retraite de la Sécurité sociale peut faire face à l'accumulation des déficits, que l'État transfert ensuite dans une caisse d'amortissement, l'Agirc et l'Arrco n'ont pas cette latitude. Les régimes se doivent d'être à l'équilibre pour verser les pensions complémentaires, qui représentent en moyenne 66 % de la retraite totale d'un salarié cadre, et 33 % pour un non-cadre. C'est tout l'enjeu de la négociation entre partenaires sociaux, à partir du 27 janvier, de faire évoluer les paramètres pour maintenir les régimes à flot, sans pénaliser trop durement les assurés. L'avenir de l'AGFF (Association pour la gestion des fonds de financement), qui finance la retraite complémentaire entre 60 et 65 ans, est également dans la balance, puisqu'elle arrive à échéance fin mars. Or, avant même le début des discussions entre patronat et syndicats, les passes d'armes ont débuté. Jean-René Buisson, le président de la Commission protection sociale du Medef, a déclaré à propos de l'AGFF qu'« on peut décider de la maintenir ou pas » ou du moins « utiliser le levier de l'âge » pour remonter à 62 ou 63 ans la possibilité de liquider une retraite complémentaire. Force ouvrière a aussitôt dénoncé « une provocation », soulignant qu'à défaut de reconduction de l'accord AGFF, « les retraites complémentaires pourraient être amputées jusqu'à 22 % ». L'organisation syndicale a donc appelé les salariés qui le pouvaient « à faire liquider immédiatement leurs droits à pension » et au plus tard le 1er avril 2009. Baisse du rendement Les partenaires sociaux s'opposent également sur les ressources à trouver pour équilibrer, sur le long terme, l'Arrco et surtout l'Agirc, menacée à plus court terme (voir graphique). Le Medef a prévenu qu'il était « hors de question d'augmenter les cotisations patronales, qu'il s'agit plutôt de faire baisser ». « Il ne serait pas choquant en revanche de poursuivre la baisse du rendement », a proposé Jean-René Buisson. Les syndicats veulent à l'inverse augmenter les cotisations et stopper la baisse considérable du niveau des pensions des futurs retraités. Pour la génération née en 1965, qui liquidera sa retraite en 2030, les retraites Arrco seront inférieures de 30 % à ce qu'elles auraient été si le rendement était resté à son niveau de 1992.
Véronique Chocron