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Les opposer des nombre entier positif

Question anonyme le 12/11/2009 à 18h15
Dernière réponse le 09/12/2010 à 20h07
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Les opposer des nombre entier positif ???
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1 réponse pour « 
les opposer des nombre entier positif
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Réponse anonyme
Le 09/12/2010 é 20h07
[ ! ]
Il semble important d’insister sur cinq points : 1) Le sport est une donnée culturelle, une production historiquement datée (l’Angleterre de la fin XVIIIème siècle puis et surtout l’Europe du XIXème siècle), il prend son essor avec l’avènement de la société capitaliste industrielle. Ainsi, dès sa naissance, le sport est politiquement et idéologiquement déterminé par le mode de production capitaliste [5]. Comme le notait le sociologue Norbert Élias, il y a bien une « sociogenèse du sport » qui va imprimer sa marque sur sa constitution originelle et conditionner son développement. Dans son apparition et tout au long de son processus d’institutionnalisation, le sport (tout comme l’olympisme) est « consubstanciellement intégré au mode de production capitaliste et à l’appareil d’État bourgeois » (Jean-Marie Brohm). L’institution sportive est organiquement, incorporée au système de production capitaliste dans lequel elle s’épanouit. La diffusion et l’emprise planétaire du sport, l’olympisation du monde vont accompagner l’expansion impérialiste du système capitalisme (et du capitalisme bureaucratique d’État). C’est dans cette paternité que réside la singularité du sport (un sport improprement qualifié de « moderne », par ceux qui voudraient faire croire à une continuité, à une unité avec des sports dits antiques, médiévaux, traditionnels ou encore exotiques). Aussi, il y a homologie de structure et identité de point de vue entre l’organisation sportive et l’organisation capitaliste. Rien d’étonnant que les principes constituants du sport (compétition, rendement, performance, record) reflètent les catégories dominantes du capitalisme industriel. De ce point de vue, il ne saurait y avoir d’un côté un « sport ouvrier », une version socialiste (prétendue authentique) du sport (et encore moins un usage révolutionnaire de celui-ci), et d’autre part une confiscation bourgeoise, capitaliste qui serait, elle, dénaturée, défigurée, corrompue et qui expliquerait toutes les soi-disant « déviations » ou « dégradations » de l’idéal olympique. La logique sportive est la même à l’Est qu’à l’Ouest. Les récentes révélations sur l’institutionnalisation du dopage en ex-RDA (longtemps présentée comme le paradigme du sport communiste), sa planification scientifique et son étatisation devrait définitivement dessiller les incrédules ou les idéalistes intégristes. Le sport est porteur de toutes les « valeurs » capitalistes qu’il contribue à plébisciter en les présentant comme « naturelles », comme allant de soi et nécessaires : lutte de tous contre tous (struggle for life), sélection des « meilleurs » et éviction des « moins bons », transformation du corps en une force essentiellement productive, recherche du rendement maximum, de son exploitation optimale (la performance), etc. 2) Les grandes rencontres sportives (jeux Olympiques, coupes du monde, etc.) ont constamment servi de paravent et de caution à des régimes bafouant en toute impunité les droits de l’homme et les droits démocratiques les plus élémentaires : les J. O. de Berlin (1936) furent ainsi un soutien moral et financier au régime nazi (qui venait de promulguer les lois de Nuremberg) et servirent à camoufler la mise en place du génocide juif [6] ; en 1978, en Argentine, le Mundial de football fut brillamment organisé par la Junte fasciste du général Videla qui remporta là un formidable succès populaire ; les J. O. de Moscou (1980) eurent lieu alors que les russes envahissaient sauvagement l’Afghanistan et que les dissidents soviétiques étaient massivement déportés dans les Goulags ; le Rallye Paris-Dakar, aventure néo-coloniale et para-militaire ultra médiatisée, permet à quelques nantis, sponsorisés par des multinationales, de s’adonner en toute impunité à une course poursuite destructrice et mortifère dans des régions déchirées par la misère et la famine ; récemment les jeux Asiatiques (1990) ont redoré le blason de la Chine terni par le massacre de la place Tien Anmen et les centaines de victimes de la répression du printemps de Pékin (tout comme en 1968 les J. O. de Mexico avaient recouvert sous les fastes de la « fête de la jeunesse » les corps des étudiants massacrés quelques jours auparavant sur la place des Trois-Cultures). Tous ceux qui défendirent le maintien de l’organisation de ces manifestations (en s’élevant avec virulence contre les différents appels au boycott) se sont rendus objectivement complices des crimes contre l’humanité perpétrés sous le couvert de ces festivités, de ces bacchanales sportives. Pire, par une présence apparemment neutre, ils les ont cautionnés et entérinés, ils ont permis à des régimes dictatoriaux d’asseoir leur prestige et de continuer leurs exactions après avoir reçu l’absolution sportive. A maintes reprises des opposants politiques, des « subversifs », des indésirables (étudiants, mendiants, petits voyous, prostituées, etc.) ont été évacués, emprisonnés, éliminés, pour que l’organisation des grandes rencontres sportives soit irréprochable et que nul « élément perturbateur » ne vienne ternir la bonne image que se composait le pays hôte. Il ne faut jamais oublier que derrière les athlètes se profilent toujours des états, que glorifier les premiers c’est toujours acclamer et médailler le pays dans lequel ils ont été élevés, lui accorder un satisfecit, lui rendre un puissant hommage. 3) Aujourd’hui plus que jamais, la pratique du sport de haut niveau devient en elle-même une atteinte aux droits de l’homme : le corps du sportif est chosifié, transformé dès le plus jeune âge en chair à records, en « morceaux de viande » (selon l’expression du gardien de but français Pascal Olmeta), en missile balistique. Il existe bel et bien un esclavagisme sportif, une exploitation négrière des athlètes. Gavés d’exercices physiques dès l’enfance (voir les ravages causés par ce que l’on appelle avec diplomatie l’Entraînement Sportif Intensif Précoce), reclus, encasernés dans des centres où la préparation confine au conditionnement, bien souvent nourris (parfois même à leur insu) de produits dopants hautement nocifs, les sportifs de haut niveau ne sont plus que des instruments aux mains des multinationales, des holdings financiers et des politiques de prestige national. Quant aux pays pauvres (tout particulièrement l’Afrique) ils servent aujourd’hui de réservoir aux clubs de football européens qui vont y puiser de la main d’œuvre à bon marché, exploitable et corvéable à merci, revendable, échangeable et à tout moment expulsable vers leur pays d’origine si elle ne donne pas entière satisfaction : « La chasse au petit nègre », à la perle noire est à nouveau ouverte ! [7] Dans ce contexte de guerre et de guérilla sportive, il n’est pas étonnant que certains sportifs se transforment en mercenaires, en parfaits hommes de main (à la solde d’un état ou d’un riche commanditaire) dont l’objectif (dans certains cas parfaitement déclaré) est de détruire l’adversaire, de l’anéantir au besoin en le brisant physiquement. Dans une arène sportive de plus en plus militarisée, massivement quadrillée par des unités spéciales, les brutalités, les violences ouvertes deviennent coutumières, elles font même partie du spectacle (la boxe, cette barbarie qui « devrait être bannie des pays civilisés », comme le proposaient des médecins américains, reste le paradigme indépassé de ce goût pour le sang et l’assassinat médiatisé et sponsorisé). Aujourd’hui, alors que des centaines de sportifs sont victimes de la corrida sportive, il est urgent que les pouvoirs politiques mettent un bémol à la surenchère du citius, altius, fortius orchestrée par les « proxénètes des stades » (sponsors, affairistes, dirigeants véreux, hommes d’états à la recherche de consécration, etc.) et affirment haut et fort qu’aucune médaille ne vaut la santé d’un sportif ! 4) Le sport, parce qu’il est le plus puissant facteur de massification, un « agrégateur » et un intercepteur de foule exceptionnel, a toujours rempli des fonctions socio-politiques essentielles pour le maintien de l’ordre, et notamment : le contrôle social des populations (embrigadement et encadrement de la jeunesse), la gestion des pulsions agressives et sexuelles (canalisées, réorientées et liquidées dans des voies socialement tolérées et dans des lieux circonscrits et policés). Le sport est, en effet, constamment présenté comme un remède, un antidote, une solution immédiate à tous les maux sociaux : contre la délinquance juvénile, contre le malaise des banlieues, contre l’alcoolisme, le tabagisme, et aujourd’hui la drogue, contre les « dépravations » (la masturbation, « le péril charnel », les effets de la libération sexuelle), efficace anesthésiant de l’agitation révolutionnaire. Il est présenté, à la fois, comme une « hygiène politique préventive » et comme le moyen privilégié de réinsertion des « déviants sociaux » (Erving Goffman). - l’occultation des conflits politiques et sociaux, la dépolitisation et l’adhésion à un idéal commun (défense du village, de la patrie, d’une religion, etc.), l’orientation de la pensée vers des zones stériles (crétinisation et lobotomisation des meutes sportives, vociférantes et trépignantes) [8]. Le spectacle sportif est au sens fort une aliénation des masses, il endort la conscience critique, l’occupe, la détourne en faisant rêver, en apportant un bonheur illusoire (fonction narcotique du sport). Il est un appareil de colonisation de la vie vécue (Jürgen Habermas). Comme la religion, il est un opium du peuple, un dérivatif, qui divertit et fait diversion, permet de scotomiser le réel. Ainsi, en juin 1994, en Thaïlande, la « footmania » liée au déroulement de la coupe du monde de football (États-Unis) permit d’étouffer la crise politique : les députés de l’opposition décidèrent de reporter d’un mois le vote d’une motion de censure contre le gouvernement, alors que les étudiants et autres prodémocratiques arrêtaient de protester contre les lenteurs des réformes politiques pour suivre quotidiennement de 23 h à 8 h du matin les diffusions en direct de toutes les rencontres (Libération, 27 juin 1994). Le spectacle sportif via le petit écran est devenu un puissant hypnotiseur (on estime à au moins 2 milliards le nombre des personnes ayant suivi la finale de la dernière Coupe du monde de football). - une compensation aux inégalités sociales et une justification de ces inégalités (avec efforts et sacrifices, il est toujours possible d’accéder à l’élite), un contrepoids à la grisaille du quotidien. Le spectacle sportif substitue des « satisfactions fantasmatiques » à des satisfactions réelles agissant comme un calmant, une arme de dissuasion (Erich Fromm). - l’édification d’une identité nationale, régionale. Le sport galvanise, électrise les passions et les coagule dans un même élan patriotique et chauvin. Il est en temps de paix un élément permettant de maintenir et d’exprimer un sentiment national : dans les pays arabo-musulmans les clubs de football sont ainsi progressivement devenus des lieux privilégiés où se forgent une conscience nationale, un sentiment identitaire : « Les équipes étrangères deviennent des ennemis à abattre » [9] . En Europe, Silvio Berlusconi qui, avec l’appui des forces néo-fascistes, devait conquérir la majorité absolue au Parlement italien, avait décidé d’appeler son parti Forza Italia, reprenant à son compte le slogan que hurlent tous les tifosi encourageant la Squadra Azzurra [10] . 5) Enfin le sport est « un véhicule puissant de diffusion de l’idéologie établie » (Jean-Marie Brohm) qui contribue à la reproduction et à la légitimation de l’ordre bourgeois. L’institution sportive est un efficace appareil idéologique d’état (Louis Althusser) qui distille massivement, planétairement une idéologie réactionnaire et fasciste. Elle est même pour Michel Caillat « le paradigme de l’idéologie fasciste » [11] : apologie de la force physique, glorification de la jeunesse, culte de la virilité et vénération (pour ne pas dire idolâtrie) du surhomme ; dépréciation, déclassement et éviction des individus considérés inaptes, faibles ou trop vieux (sur ce point le sport est l’école de la non-solidarité) ; hiérarchisation puis tri (sous couvert de sélection « naturelle ») des individus en fonction de leurs potentialités physiques (il existe bel et bien un eugénisme sportif) ; culte des élites, vénération et exaltation de l’effort musculaire, de la souffrance, de l’exténuation et de la mort (et pas seulement symboliquement) ; anti-intellectualisme primaire, amour du décorum et du cérémonial démesuré (hymnes nationaux, chants guerriers, « Ola », parades paramilitaires, débauche d’emblèmes, de drapeaux et d’oriflammes, etc.) ; exacerbation des passions partisanes, du chauvinisme et du nationalisme, etc. Rien d’étonnant que le sport ait toujours été l’enfant chéri des gouvernements dictatoriaux, fascistes et nazis, « au point de devenir un élément constitutif indispensable de ces régimes » (comme le notait le sociologue Jacques Ellul). Rien d’étonnant qu’en 1936 Pierre de Coubertin ait été délicieusement conquis par l’organisation des « jeux de la croix gammée », que Juan Antonio Samaranch (Président du CIO) ait été un membre important du parti franquiste, que cet ancien dignitaire fasciste supervisa tout au long des années 1974 et 1975 la mise au pas de la Catalogne (« la répression atteignit une ampleur jamais vue depuis les années 40, avec arrestations massives, tortures, exécutions ») [12] . Rien d’étonnant non plus que Joào Havelange (président de la Fédération Internationale de Football, mais également fabriquant d’armes) ait toujours eu un penchant notoire pour les dictateurs et les potentats africains... Et ce ne sont là que les exemples les plus criants. En Europe, en Amérique Latine, en Russie, les stades de football sont d’ailleurs devenus le lieu d’expression privilégié de groupuscules fascistes ou néo-fascistes qui ont leurs tribunes réservées. Les bras tendus fleurissent, les invectives racistes et antisémites [13] , les slogans nazis fusent en toute impunité dans les virages occupés par ceux qu’il est convenu d’appeler les « Ultras » [14] , les agressions délibérément racistes se multiplient aux alentours de certains grands stades (tandis que les forces de l’ordre restent bien souvent passives...). « Toutes les grandes équipes ont des groupuscules de supporters nazis aux noms évocateurs : "Oranges mécaniques" pour la Juventus de Turin, "Brigades rouges et noires" pour le Milan AC, "Granata Korps" pour le Torino, "Mauvais garçons" pour le FC Barcelone, tandis que les "Ultras sur" du Réal de Madrid sont ouvertement franquistes » [15] . Citons encore le groupe des Zyklon B (gaz de sinistre mémoire) de Berlin. En Allemagne, dès 1982, le Front d’Action national-socialiste « a compris que, avec la fascination qu’une certaine jeunesse avait pour la violence dans les stades, il y avait un vivier militant à exploiter, [ce qu’ils firent en se lançant] dans une propagande intense dans les tribunes des stades, dénonçant pêle-mêle "l’invasion turque", "le danger gauchiste", "le terrorisme de la RAF", etc. » [16] Si un peu partout en Europe l’extrême-droite recrute activement dans les stades de football, c’est que l’idéologie sportive (notamment la haine de l’Autre) se marie bien avec les thèses les plus réactionnaires. Pour Jean-Marie Le Pen, dealer des idées d’extrême droite en France, il ne fait d’ailleurs aucun doute que « le sport est "de droite", car il nécessite bon nombre de qualités, "loyauté, sens de l’effort, générosité, etc." qui sont celles de droite. » [17] Et, il ne faudrait pas trop longtemps pour faire resurgir du « etc. » la bête immonde... Il importe donc de lutter contre l’hégémonie du modèle sportif, de dénoncer les arrière-pensées des discours pro-sportif et de l’idéologie olympique, d’appeler au boycott de toutes les grandes manifestations sportives et de promouvoir parallèlement toutes les activités où dominent la convivialité, l’amitié, l’entraide, la solidarité, l’hospitalité. Cette lutte ne saurait être vaine : tout produit historique est transitoire (Marx), il est en constant devenir et en devenir-autre, c’est-à-dire sujet à altération. Le sport n’est, de ce point de vue, ni éternel, ni impérissable, et, tout comme il est apparu et s’est développé dans une société donnée, il peut se décomposer et disparaître dans un autre type de formation sociale. Rien n’est immuable, comme le notait déjà Hegel, « tout ce qui existe mérite de périr » et le sport ne saurait faire exception.
Référence(s) :
Il semble important d’insister sur cinq points :

1) Le sport est une donnée culturelle, une production historiquement datée (l’Angleterre de la fin XVIIIème siècle puis et surtout l’Europe du XIXème siècle), il prend son essor avec l’avènement de la société capitaliste industrielle. Ainsi, dès sa naissance, le sport est politiquement et idéologiquement déterminé par le mode de production capitaliste [5].

Comme le notait le sociologue Norbert Élias, il y a bien une « sociogenèse du sport » qui va imprimer sa marque sur sa constitution originelle et conditionner son développement. Dans son apparition et tout au long de son processus d’institutionnalisation, le sport (tout comme l’olympisme) est « consubstanciellement intégré au mode de production capitaliste et à l’appareil d’État bourgeois » (Jean-Marie Brohm). L’institution sportive est organiquement, incorporée au système de production capitaliste dans lequel elle s’épanouit. La diffusion et l’emprise planétaire du sport, l’olympisation du monde vont accompagner l’expansion impérialiste du système capitalisme (et du capitalisme bureaucratique d’État). C’est dans cette paternité que réside la singularité du sport (un sport improprement qualifié de « moderne », par ceux qui voudraient faire croire à une continuité, à une unité avec des sports dits antiques, médiévaux, traditionnels ou encore exotiques).

Aussi, il y a homologie de structure et identité de point de vue entre l’organisation sportive et l’organisation capitaliste. Rien d’étonnant que les principes constituants du sport (compétition, rendement, performance, record) reflètent les catégories dominantes du capitalisme industriel.

De ce point de vue, il ne saurait y avoir d’un côté un « sport ouvrier », une version socialiste (prétendue authentique) du sport (et encore moins un usage révolutionnaire de celui-ci), et d’autre part une confiscation bourgeoise, capitaliste qui serait, elle, dénaturée, défigurée, corrompue et qui expliquerait toutes les soi-disant « déviations » ou « dégradations » de l’idéal olympique. La logique sportive est la même à l’Est qu’à l’Ouest. Les récentes révélations sur l’institutionnalisation du dopage en ex-RDA (longtemps présentée comme le paradigme du sport communiste), sa planification scientifique et son étatisation devrait définitivement dessiller les incrédules ou les idéalistes intégristes. Le sport est porteur de toutes les « valeurs » capitalistes qu’il contribue à plébisciter en les présentant comme « naturelles », comme allant de soi et nécessaires : lutte de tous contre tous (struggle for life), sélection des « meilleurs » et éviction des « moins bons », transformation du corps en une force essentiellement productive, recherche du rendement maximum, de son exploitation optimale (la performance), etc.

2) Les grandes rencontres sportives (jeux Olympiques, coupes du monde, etc.) ont constamment servi de paravent et de caution à des régimes bafouant en toute impunité les droits de l’homme et les droits démocratiques les plus élémentaires : les J. O. de Berlin (1936) furent ainsi un soutien moral et financier au régime nazi (qui venait de promulguer les lois de Nuremberg) et servirent à camoufler la mise en place du génocide juif [6] ; en 1978, en Argentine, le Mundial de football fut brillamment organisé par la Junte fasciste du général Videla qui remporta là un formidable succès populaire ; les J. O. de Moscou (1980) eurent lieu alors que les russes envahissaient sauvagement l’Afghanistan et que les dissidents soviétiques étaient massivement déportés dans les Goulags ; le Rallye Paris-Dakar, aventure néo-coloniale et para-militaire ultra médiatisée, permet à quelques nantis, sponsorisés par des multinationales, de s’adonner en toute impunité à une course poursuite destructrice et mortifère dans des régions déchirées par la misère et la famine ; récemment les jeux Asiatiques (1990) ont redoré le blason de la Chine terni par le massacre de la place Tien Anmen et les centaines de victimes de la répression du printemps de Pékin (tout comme en 1968 les J. O. de Mexico avaient recouvert sous les fastes de la « fête de la jeunesse » les corps des étudiants massacrés quelques jours auparavant sur la place des Trois-Cultures).

Tous ceux qui défendirent le maintien de l’organisation de ces manifestations (en s’élevant avec virulence contre les différents appels au boycott) se sont rendus objectivement complices des crimes contre l’humanité perpétrés sous le couvert de ces festivités, de ces bacchanales sportives. Pire, par une présence apparemment neutre, ils les ont cautionnés et entérinés, ils ont permis à des régimes dictatoriaux d’asseoir leur prestige et de continuer leurs exactions après avoir reçu l’absolution sportive.

A maintes reprises des opposants politiques, des « subversifs », des indésirables (étudiants, mendiants, petits voyous, prostituées, etc.) ont été évacués, emprisonnés, éliminés, pour que l’organisation des grandes rencontres sportives soit irréprochable et que nul « élément perturbateur » ne vienne ternir la bonne image que se composait le pays hôte. Il ne faut jamais oublier que derrière les athlètes se profilent toujours des états, que glorifier les premiers c’est toujours acclamer et médailler le pays dans lequel ils ont été élevés, lui accorder un satisfecit, lui rendre un puissant hommage.

3) Aujourd’hui plus que jamais, la pratique du sport de haut niveau devient en elle-même une atteinte aux droits de l’homme : le corps du sportif est chosifié, transformé dès le plus jeune âge en chair à records, en « morceaux de viande » (selon l’expression du gardien de but français Pascal Olmeta), en missile balistique. Il existe bel et bien un esclavagisme sportif, une exploitation négrière des athlètes. Gavés d’exercices physiques dès l’enfance (voir les ravages causés par ce que l’on appelle avec diplomatie l’Entraînement Sportif Intensif Précoce), reclus, encasernés dans des centres où la préparation confine au conditionnement, bien souvent nourris (parfois même à leur insu) de produits dopants hautement nocifs, les sportifs de haut niveau ne sont plus que des instruments aux mains des multinationales, des holdings financiers et des politiques de prestige national. Quant aux pays pauvres (tout particulièrement l’Afrique) ils servent aujourd’hui de réservoir aux clubs de football européens qui vont y puiser de la main d’œuvre à bon marché, exploitable et corvéable à merci, revendable, échangeable et à tout moment expulsable vers leur pays d’origine si elle ne donne pas entière satisfaction : « La chasse au petit nègre », à la perle noire est à nouveau ouverte ! [7]

Dans ce contexte de guerre et de guérilla sportive, il n’est pas étonnant que certains sportifs se transforment en mercenaires, en parfaits hommes de main (à la solde d’un état ou d’un riche commanditaire) dont l’objectif (dans certains cas parfaitement déclaré) est de détruire l’adversaire, de l’anéantir au besoin en le brisant physiquement. Dans une arène sportive de plus en plus militarisée, massivement quadrillée par des unités spéciales, les brutalités, les violences ouvertes deviennent coutumières, elles font même partie du spectacle (la boxe, cette barbarie qui « devrait être bannie des pays civilisés », comme le proposaient des médecins américains, reste le paradigme indépassé de ce goût pour le sang et l’assassinat médiatisé et sponsorisé). Aujourd’hui, alors que des centaines de sportifs sont victimes de la corrida sportive, il est urgent que les pouvoirs politiques mettent un bémol à la surenchère du citius, altius, fortius orchestrée par les « proxénètes des stades » (sponsors, affairistes, dirigeants véreux, hommes d’états à la recherche de consécration, etc.) et affirment haut et fort qu’aucune médaille ne vaut la santé d’un sportif !

4) Le sport, parce qu’il est le plus puissant facteur de massification, un « agrégateur » et un intercepteur de foule exceptionnel, a toujours rempli des fonctions socio-politiques essentielles pour le maintien de l’ordre, et notamment :

le contrôle social des populations (embrigadement et encadrement de la jeunesse), la gestion des pulsions agressives et sexuelles (canalisées, réorientées et liquidées dans des voies socialement tolérées et dans des lieux circonscrits et policés). Le sport est, en effet, constamment présenté comme un remède, un antidote, une solution immédiate à tous les maux sociaux : contre la délinquance juvénile, contre le malaise des banlieues, contre l’alcoolisme, le tabagisme, et aujourd’hui la drogue, contre les « dépravations » (la masturbation, « le péril charnel », les effets de la libération sexuelle), efficace anesthésiant de l’agitation révolutionnaire. Il est présenté, à la fois, comme une « hygiène politique préventive » et comme le moyen privilégié de réinsertion des « déviants sociaux » (Erving Goffman).

- l’occultation des conflits politiques et sociaux, la dépolitisation et l’adhésion à un idéal commun (défense du village, de la patrie, d’une religion, etc.), l’orientation de la pensée vers des zones stériles (crétinisation et lobotomisation des meutes sportives, vociférantes et trépignantes) [8]. Le spectacle sportif est au sens fort une aliénation des masses, il endort la conscience critique, l’occupe, la détourne en faisant rêver, en apportant un bonheur illusoire (fonction narcotique du sport). Il est un appareil de colonisation de la vie vécue (Jürgen Habermas). Comme la religion, il est un opium du peuple, un dérivatif, qui divertit et fait diversion, permet de scotomiser le réel.

Ainsi, en juin 1994, en Thaïlande, la « footmania » liée au déroulement de la coupe du monde de football (États-Unis) permit d’étouffer la crise politique : les députés de l’opposition décidèrent de reporter d’un mois le vote d’une motion de censure contre le gouvernement, alors que les étudiants et autres prodémocratiques arrêtaient de protester contre les lenteurs des réformes politiques pour suivre quotidiennement de 23 h à 8 h du matin les diffusions en direct de toutes les rencontres (Libération, 27 juin 1994). Le spectacle sportif via le petit écran est devenu un puissant hypnotiseur (on estime à au moins 2 milliards le nombre des personnes ayant suivi la finale de la dernière Coupe du monde de football).

- une compensation aux inégalités sociales et une justification de ces inégalités (avec efforts et sacrifices, il est toujours possible d’accéder à l’élite), un contrepoids à la grisaille du quotidien. Le spectacle sportif substitue des « satisfactions fantasmatiques » à des satisfactions réelles agissant comme un calmant, une arme de dissuasion (Erich Fromm).

- l’édification d’une identité nationale, régionale. Le sport galvanise, électrise les passions et les coagule dans un même élan patriotique et chauvin. Il est en temps de paix un élément permettant de maintenir et d’exprimer un sentiment national : dans les pays arabo-musulmans les clubs de football sont ainsi progressivement devenus des lieux privilégiés où se forgent une conscience nationale, un sentiment identitaire : « Les équipes étrangères deviennent des ennemis à abattre » [9] . En Europe, Silvio Berlusconi qui, avec l’appui des forces néo-fascistes, devait conquérir la majorité absolue au Parlement italien, avait décidé d’appeler son parti Forza Italia, reprenant à son compte le slogan que hurlent tous les tifosi encourageant la Squadra Azzurra [10] .

5) Enfin le sport est « un véhicule puissant de diffusion de l’idéologie établie » (Jean-Marie Brohm) qui contribue à la reproduction et à la légitimation de l’ordre bourgeois. L’institution sportive est un efficace appareil idéologique d’état (Louis Althusser) qui distille massivement, planétairement une idéologie réactionnaire et fasciste. Elle est même pour Michel Caillat « le paradigme de l’idéologie fasciste » [11] : apologie de la force physique, glorification de la jeunesse, culte de la virilité et vénération (pour ne pas dire idolâtrie) du surhomme ; dépréciation, déclassement et éviction des individus considérés inaptes, faibles ou trop vieux (sur ce point le sport est l’école de la non-solidarité) ; hiérarchisation puis tri (sous couvert de sélection « naturelle ») des individus en fonction de leurs potentialités physiques (il existe bel et bien un eugénisme sportif) ; culte des élites, vénération et exaltation de l’effort musculaire, de la souffrance, de l’exténuation et de la mort (et pas seulement symboliquement) ; anti-intellectualisme primaire, amour du décorum et du cérémonial démesuré (hymnes nationaux, chants guerriers, « Ola », parades paramilitaires, débauche d’emblèmes, de drapeaux et d’oriflammes, etc.) ; exacerbation des passions partisanes, du chauvinisme et du nationalisme, etc.

Rien d’étonnant que le sport ait toujours été l’enfant chéri des gouvernements dictatoriaux, fascistes et nazis, « au point de devenir un élément constitutif indispensable de ces régimes » (comme le notait le sociologue Jacques Ellul). Rien d’étonnant qu’en 1936 Pierre de Coubertin ait été délicieusement conquis par l’organisation des « jeux de la croix gammée », que Juan Antonio Samaranch (Président du CIO) ait été un membre important du parti franquiste, que cet ancien dignitaire fasciste supervisa tout au long des années 1974 et 1975 la mise au pas de la Catalogne (« la répression atteignit une ampleur jamais vue depuis les années 40, avec arrestations massives, tortures, exécutions ») [12] .

Rien d’étonnant non plus que Joào Havelange (président de la Fédération Internationale de Football, mais également fabriquant d’armes) ait toujours eu un penchant notoire pour les dictateurs et les potentats africains... Et ce ne sont là que les exemples les plus criants.

En Europe, en Amérique Latine, en Russie, les stades de football sont d’ailleurs devenus le lieu d’expression privilégié de groupuscules fascistes ou néo-fascistes qui ont leurs tribunes réservées. Les bras tendus fleurissent, les invectives racistes et antisémites [13] , les slogans nazis fusent en toute impunité dans les virages occupés par ceux qu’il est convenu d’appeler les « Ultras » [14] , les agressions délibérément racistes se multiplient aux alentours de certains grands stades (tandis que les forces de l’ordre restent bien souvent passives...). « Toutes les grandes équipes ont des groupuscules de supporters nazis aux noms évocateurs : "Oranges mécaniques" pour la Juventus de Turin, "Brigades rouges et noires" pour le Milan AC, "Granata Korps" pour le Torino, "Mauvais garçons" pour le FC Barcelone, tandis que les "Ultras sur" du Réal de Madrid sont ouvertement franquistes » [15] . Citons encore le groupe des Zyklon B (gaz de sinistre mémoire) de Berlin.

En Allemagne, dès 1982, le Front d’Action national-socialiste « a compris que, avec la fascination qu’une certaine jeunesse avait pour la violence dans les stades, il y avait un vivier militant à exploiter, [ce qu’ils firent en se lançant] dans une propagande intense dans les tribunes des stades, dénonçant pêle-mêle "l’invasion turque", "le danger gauchiste", "le terrorisme de la RAF", etc. » [16] Si un peu partout en Europe l’extrême-droite recrute activement dans les stades de football, c’est que l’idéologie sportive (notamment la haine de l’Autre) se marie bien avec les thèses les plus réactionnaires.

Pour Jean-Marie Le Pen, dealer des idées d’extrême droite en France, il ne fait d’ailleurs aucun doute que « le sport est "de droite", car il nécessite bon nombre de qualités, "loyauté, sens de l’effort, générosité, etc." qui sont celles de droite. » [17] Et, il ne faudrait pas trop longtemps pour faire resurgir du « etc. » la bête immonde...

Il importe donc de lutter contre l’hégémonie du modèle sportif, de dénoncer les arrière-pensées des discours pro-sportif et de l’idéologie olympique, d’appeler au boycott de toutes les grandes manifestations sportives et de promouvoir parallèlement toutes les activités où dominent la convivialité, l’amitié, l’entraide, la solidarité, l’hospitalité. Cette lutte ne saurait être vaine : tout produit historique est transitoire (Marx), il est en constant devenir et en devenir-autre, c’est-à-dire sujet à altération. Le sport n’est, de ce point de vue, ni éternel, ni impérissable, et, tout comme il est apparu et s’est développé dans une société donnée, il peut se décomposer et disparaître dans un autre type de formation sociale. Rien n’est immuable, comme le notait déjà Hegel, « tout ce qui existe mérite de périr » et le sport ne saurait faire exception.
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