J'ai fait construire un carport sur mon terrain suivant le permis de construire qui m'a été accordé, lequel stipulait qu'il devait être à 1 m de la limite avec mon voisin pour permettre l'entretien du bois sans avoir à entrer dans son terrain car il s'y opposait. La dalle de béton pour recevoir ce carport avait au départ, été coulée en limite de la propriété car un premier permis nous demandait de construire en limite de propriété. De ce fait, une partie de la dalle (1 m sur toute la largeur du carport) reste maintenant visible. Notre voisin veut nous obliger à la scier. En a-t-il le droit ? Nos deux terrains ne sont pas tout à fait de même niveau, le nôtre surplombant le sien entre 15 et 30 cm, la dalle ayant une épaisseur d'environ 10 cm.
Cette dalle béton est sur votre propriété et ses dimensions à priori ne nécessitent aucune autorisation au titre de l'urbanisme. Alors votre voisin est gentil mais qu'il s'occupe de son terrain et non du votre ... On est encore dans un pays de liberté (encadrée d'accord).
En France, la gestion des eaux de pluie est réglementée par le Code Civil. L’article 641 prévoit que «tout propriétaire a le droit d’user et de disposer des eaux pluviales qui tombent sur son fonds». Il peut les recueillir pour son propre usage, les vendre ou les concéder à un voisin. D’autres articles encadrent ce droit à l’échelle du voisinage.
La servitude d’écoulement
Le code civil (article 640) impose aux propriétaires «inférieurs» une servitude vis-à-vis des propriétaires «supérieurs». Les propriétaires «inférieurs» doivent accepter l'écoulement naturel des eaux pluviales sur leur fonds. Cette obligation disparaît si l'écoulement naturel est aggravé par une intervention humaine. L’article 641 du code civil précise à cet égard que « si l'usage de ces eaux ou la direction qui leur est donnée aggrave la servitude naturelle d'écoulement établie par l'article 640, une indemnité est due au propriétaire du fonds inférieur ». Les propriétaires de terrains qui reçoivent les eaux pluviales ne pourront ainsi obtenir une indemnisation que si l'écoulement naturel des eaux a été aggravé par une intervention humaine. Ce serait le cas si par exemple les eaux pluviales ont été canalisées pour être déversées en un seul point alors qu'auparavant elles s'écoulaient naturellement sur l'ensemble du terrain. Les propriétaires auront à démontrer l’existence d’un préjudice.
Dans votre cas de figure votre voisin a semble-t'il aggravé l'écoulement naturel des eaux pluviales mais le préjudice est-il très important pour nécessiter une procédure ? Il aurait de toute façon dû faire la pente de la dalle de béton vers son fond ou aurait dû mettre en place un dispositif pour conserver sur son fond les eaux pluviales.