Marcel Proust
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Marcel Proust
Marcel Proust en 1900.
Marcel Proust en 1900.
Nom de naissance Valentin Louis Georges Eugène Marcel Proust
Activité(s) écrivain
Naissance 10 juillet 1871
Paris, France
Décès 18 novembre 1922 (à 51 ans)
Paris, France
Genre(s) roman
Distinctions Lauréat du prix Goncourt 1919
Œuvres principales
* À la recherche du temps perdu (1913 - 1927)
Valentin Louis Georges Eugène Marcel Proust, né à Paris, le 10 juillet 1871 et mort à Paris le 18 novembre 1922, est un écrivain français dont l'œuvre principale s'intitule À la recherche du temps perdu.
Sommaire
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* 1 Biographie
o 1.1 Enfance
o 1.2 Années de jeunesse
o 1.3 Rédaction de Jean Santeuil
o 1.4 L'esthétique de Ruskin
o 1.5 L'écriture de La Recherche
* 2 Les œuvres
o 2.1 Les Plaisirs et les Jours
o 2.2 Jean Santeuil
o 2.3 Les traductions de Ruskin
o 2.4 Contre Sainte-Beuve
o 2.5 Pastiches et mélanges
o 2.6 À la recherche du temps perdu
* 3 Anecdotes
o 3.1 Surnoms et pseudonymes
o 3.2 Illiers-Combray
o 3.3 Le questionnaire
o 3.4 Un portrait de Proust au restaurant Weber vers 1905
* 4 Œuvres
o 4.1 Divers
o 4.2 À la recherche du temps perdu
o 4.3 Correspondance
* 5 Bibliographie
o 5.1 Ouvrages généraux
o 5.2 Monographies
* 6 Adaptations
o 6.1 Filmographie
o 6.2 Divers
* 7 Liens externes
* 8 Notes et références
Biographie [modifier]
Enfance [modifier]
Marcel Proust naît dans le quartier d'Auteuil (16e arrondissement), dans la maison de son grand-oncle maternel, Louis Weil, au 96, rue La Fontaine. Sa mère, née Jeanne Weil, fille d'un agent de change juif d'origine alsacienne, lui apporte une culture riche et profonde. Elle lui voue une affection parfois envahissante. Son père, Adrien Proust, fils d'un commerçant d'Illiers (en Eure-et-Loir), professeur à la faculté de Médecine de Paris après avoir commencé ses études au séminaire, est le premier grand hygiéniste français, conseiller du gouvernement pour la lutte contre les épidémies.
Caillebotte et peut-être l'ambiance de Combray
Marcel est baptisé à l'église Saint-Louis-d'Antin à Paris. Or la Commune fait rage à Paris en mai 1871. « Peu avant la naissance de Marcel Proust, pendant la Commune, le docteur Proust avait été blessé par la balle d'un insurgé, tandis qu'il rentrait de l'hôpital de la Charité. Madame Proust, enceinte, se remit difficilement de l'émotion qu'elle avait éprouvée en apprenant le danger auquel venait d'échapper son mari. L'enfant qu'elle mit au monde bientôt après, naquit si débile que son père craignit qu'il ne fût point viable. On l'entoura de soins; il donna les signes d'une intelligence et d'une sensibilité précoces, mais sa santé demeura délicate[1]. »
Marcel est fragile et le printemps devient pour lui la plus pénible des saisons. Les pollens libérés par les fleurs dans les premiers beaux jours provoquent chez lui de violentes crises d'asthme. À neuf ans, alors qu'il rentre d'une promenade au Bois de Boulogne avec ses parents, il étouffe, sa respiration ne revient pas. Son père le voit mourir. Un ultime sursaut le sauve. Voilà maintenant la menace qui plane sur l'enfant, et sur l'homme plus tard : la mort peut le saisir dès le retour du printemps, à la fin d'une promenade, n'importe quand, si une crise d'asthme est trop forte.
Années de jeunesse [modifier]
Jean Béraud, La Sortie du lycée Condorcet
Il étudie au lycée Condorcet, où il est l'élève du philosophe Alphonse Darlu et où il se lie d'amitié avec Jacques Bizet, le fils du compositeur Georges Bizet, et avec Lucien Daudet, fils du romancier Alphonse Daudet. Puis, il devance l’appel sous les drapeaux et accomplit son service militaire à Orléans, au 76e régiment d'infanterie. Rendu à la vie civile, il suit à l’École libre des sciences politiques les cours d’Albert Sorel (qui le juge « pas intelligent » lors de son oral de sortie) et d'Anatole Leroy-Beaulieu ; à la Sorbonne ceux d'Henri Bergson, son cousin par alliance, au mariage duquel il sera garçon d'honneur et dont l’influence sur son œuvre a été parfois jugée importante, ce dont Proust s'est toujours défendu.
L'influence de son homosexualité sur son œuvre est pour sa part importante puisque Marcel Proust fut l'un des premiers romanciers européens à traiter ouvertement de ce sujet dans ses écrits.
En 1894, il publie Les Plaisirs et les Jours, un recueil de poèmes en prose, portraits et nouvelles dans un style fin de siècle où son art se montre plein de promesses. Illustré par Madeleine Lemaire, dont Proust fréquente le salon avec son ami le compositeur Reynaldo Hahn, le livre passe à peu près inaperçu et la critique l'accueille avec sévérité - notamment l'écrivain Jean Lorrain, réputé pour la férocité de ses jugements. Il en dit tant de mal qu'il se retrouve au petit matin sur un pré, un pistolet à la main. Face à lui, également un pistolet à la main : Marcel Proust, avec pour témoin le peintre Jean Béraud. Tout se termine sans blessures, mais non sans tristesse pour l'auteur débutant. Ce livre vaut à Proust une réputation de mondain dilettante qui ne se dissipera qu'après la publication des premiers tomes de À la recherche du temps perdu.
Rédaction de Jean Santeuil [modifier]
Boldini, Robert de Montesquiou
La fortune familiale lui assure une existence facile et lui permet de fréquenter les salons du milieu bourgeois et de l'aristocratie. Il y accumule le matériau nécessaire à la construction de son œuvre : une conscience plonge en elle-même, recueille tout ce que le temps vécu y a laissé intact, et se met à reconstruire, à donner vie à ce qui fut ébauches et signes. Lent et patient travail de déchiffrage, comme s'il fallait en tirer le plan nécessaire et unique d'un genre qui n'a pas de précédent, qui n'aura pas de descendance : celui d'une cathédrale du temps. Pourtant, rien du gothique répétitif dans cette recherche, rien de pesant, de roman - rien du roman non plus, pas d'intrigue, d'exposition, de nœud, de dénouement.
À partir de l'été 1895, il entreprend la rédaction d'un roman qui relate la vie d'un jeune homme épris de littérature dans le Paris mondain de la fin du XIXe siècle. Publié en 1952, ce livre, intitulé, après la mort de l'auteur, Jean Santeuil, du nom du personnage principal, est resté à l'état de fragments mis au net.
L'esthétique de Ruskin [modifier]
Caillebotte, Jeune Homme à la fenêtre
Vers 1900, il abandonne la rédaction de ce roman qui nous est parvenu sous forme de fragments manuscrits découverts et édités dans les années 1950 par Bernard de Fallois. Il se tourne alors vers l'esthète anglais John Ruskin. Celui-ci ayant interdit qu'on traduise son œuvre de son vivant, Proust le découvre dans le texte et au travers d'articles et d'ouvrages qui lui sont consacrés, comme celui de Robert de La Sizeranne, Ruskin et la religion de la beauté. À la mort de Ruskin, en 1900, Proust décide de le traduire. À cette fin, il entreprend plusieurs « pèlerinages ruskiniens », dans le Nord de la France, à Amiens, et surtout à Venise, où il séjourne avec sa mère.
Cet épisode est repris dans Albertine disparue. Les parents de Marcel jouent d'ailleurs un rôle déterminant dans le travail de traduction. Le père l'accepte comme un moyen de mettre à un travail sérieux un fils qui se révèle depuis toujours rebelle à toute fonction sociale et qui vient de donner sa démission d'employé non rémunéré de la Bibliothèque Mazarine. La mère joue un rôle beaucoup plus direct. Marcel Proust maîtrisant mal l'anglais, elle se livre à une première traduction mot à mot du texte anglais ; à partir de ce déchiffrage, Proust peut alors « écrire en excellent français, du Ruskin », comme le nota un critique à la parution de sa première traduction, La Bible d'Amiens (1904).
L'écriture de La Recherche [modifier]
La première pierre, la première phrase de l'œuvre entière est posée en 1907. Pendant quinze années, Proust vit en reclus dans sa chambre tapissée de liège, au deuxième étage du 102, boulevard Haussmann, où il a emménagé le 27 décembre 1906 après la mort de ses parents, et qu'il quittera en 1919. Portes fermées, Proust écrit, ne cesse de modifier et de retrancher, d'ajouter en collant sur les pages initiales les « paperolles » que l'imprimeur redoute. Plus de deux cents personnages vivent sous sa plume, couvrant quatre générations.
Après la mort de ses parents, sa santé déjà fragile se détériore davantage en raison de son asthme. Il vit en reclus et s’épuise au travail. Son œuvre principale, À la recherche du temps perdu, sera publiée entre 1913 et 1927, c'est-à-dire en partie à titre posthume.
Le premier tome, Du côté de chez Swann (1913), est refusé chez Gallimard sur les conseils d'André Gide, qui exprimera ses regrets par la suite. Finalement, le livre est édité à compte d'auteur chez Grasset. L'année suivante, le 30 mai, Proust perd son secrétaire et ami, Alfred Agostinelli, dans un accident d'avion. Ce deuil, surmonté par l'écriture, traverse certaines des pages de La Recherche.
Les éditions Gallimard acceptent le deuxième volume, À l’ombre des jeunes filles en fleurs, pour lequel Proust reçoit en 1919 le prix Goncourt.
Il ne reste plus à Proust que trois années à vivre. Il travaille sans relâche à l’écriture des cinq livres suivants de À la recherche du temps perdu, jusqu'en 1922. Il meurt épuisé, le 18 novembre 1922, emporté par une bronchite mal soignée. Il demeurait au 44 Rue de l'Amiral Hamelin à Paris.
Marcel Proust est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris, division 85.
Les œuvres [modifier]
Les Plaisirs et les Jours [modifier]
Les Plaisirs et les Jours est un recueil de poèmes en prose et de nouvelles publié par Marcel Proust en 1894 chez Calmann-Lévy. Ce recueil s'inspire fortement du décadentisme et notamment du travail du dandy Robert de Montesquiou. Il s'agit du premier ouvrage de son auteur, qui cherchera à en éviter la réimpression pendant la rédaction de La Recherche.
Jean Santeuil [modifier]
L'année suivante, Proust entreprend l'écriture d'un roman mettant en scène un jeune homme qui évolue dans Paris de la fin du XIXe siècle. Considéré comme une ébauche de La Recherche, Jean Santeuil ne constitue pas un ensemble achevé. Proust y évoque notamment l'affaire Dreyfus, dont il fut l'un des témoins directs. Il est l'un des premiers à faire circuler une pétition favorable au capitaine français accusé de trahison et à la faire signer par Anatole France.
Les traductions de Ruskin [modifier]
John Ruskin - La Bible d'Amiens - 001.jpg
La Bible d'Amiens sur Wikisource
Sésame et les lys sur Wikisource
Proust traduit La Bible d'Amiens, de John Ruskin, et ce travail, ainsi que sa deuxième traduction, Sésame et les lys (1906), est salué par la critique, dont Henri Bergson. Cependant, le choix des œuvres traduites ne se révèle pas heureux et l'ensemble est un échec éditorial. C'est pourtant pour le futur écrivain un moment charnière où s'affirme sa personnalité. En effet, il accompagne ses traductions de notes abondantes et de préfaces longues et riches qui occupent une place presque aussi importante que le texte traduit. Surtout, en traduisant Ruskin, Proust prend peu à peu ses distances avec celui-ci, au point de critiquer ses positions esthétiques. Cela est particulièrement perceptible dans le dernier chapitre de sa préface à La Bible d'Amiens qui tranche avec l'admiration qu'il exprime dans les trois premiers. Il reproche notamment à Ruskin son idolâtrie esthétique, critique qu'il adressa également à Robert de Montesquiou et qu'il fit partager par Swann et Charlus dans La Recherche. Pour Proust, c'est dévoyer l'art que d'aimer une œuvre parce que tel écrivain en parle ; il faut l'aimer pour elle-même.
Contre Sainte-Beuve [modifier]
Contre Sainte-Beuve, publié à titre posthume en 1954, est un recueil d'essais consacré aux écrivains que Proust admirait tout en les critiquant : Balzac, Flaubert, etc. Il y attaque Sainte-Beuve et sa méthode critique selon laquelle l'œuvre d'un écrivain serait avant tout le reflet de sa vie et pourrait s'expliquer par elle. En s'y opposant, Proust fonde sa propre poétique ; on peut considérer À la recherche du temps perdu comme une réalisation systématique des idées exposées dans ce recueil d'essais.
Pastiches et mélanges [modifier]
Pastiches et mélanges est une œuvre que Proust publie en 1919 à la NRF. Il s'agit d'un recueil de préfaces et d'articles de presse parus principalement dans Le Figaro à partir de 1908, rassemblés en un volume à la demande de Gaston Gallimard.
À la recherche du temps perdu [modifier]
Article détaillé : À la recherche du temps perdu.
Épreuve annotée de Du côté de chez Swann.
Des critiques ont écrit que le roman moderne commençait avec Marcel Proust. En rompant avec la notion d’intrigue, l’écrivain devient celui qui cherche à rendre la vérité de l’âme. La composition de La Recherche en témoigne : les thèmes tournent selon un plan musical et un jeu de correspondances qui s’apparentent à la poésie. Proust voulait saisir la vie en mouvement, sans autre ordre que celui des fluctuations de la mémoire affective. Il nous laisse des portraits uniques, des lieux recréés, une réflexion sur l’amour et la jalousie, une image de la vie, du vide de l'existence, et de l’art. Il nous laisse surtout un style composé de phrases (parfois) longues[2], pareilles à une respiration dans laquelle on « s’embarque ».
« Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu’il y ait d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini et qui, bien des siècles après qu’est éteint le foyer dont il émanait, qu’il s’appelât Rembrandt ou Vermeer, nous envoient encore leur rayon spécial.
« Ce travail de l’artiste, de chercher à apercevoir sous de la matière, sous de l’expérience, sous des mots, quelque chose de différent, c’est exactement le travail inverse de celui que, chaque minute, quand nous vivons détournés de nous-mêmes, l’amour-propre, la passion, l’intelligence, et l’habitude aussi accomplissent en nous, quand elles amassent au-dessus de nos impressions vraies, pour nous les cacher entièrement, les nomenclatures, les buts pratiques que nous appelons faussement la vie ». (Le Temps retrouvé)
Dernière page de La Recherche
L'œuvre de Marcel Proust est aussi une réflexion majeure sur le temps. La « Recherche du Temps Perdu » permet de s'interroger sur l'existence même du temps, sur sa relativité et sur l'incapacité à le saisir au présent. Une vie s'écoule sans que l'individu en ait conscience et seul un événement fortuit - goûter une madeleine, buter sur un pavé - fait surgir à la conscience le passé dans son ensemble et comprendre que seul le temps écoulé, perdu, a une valeur. Le temps n'existe ni au présent, ni au futur, mais au seul passé, dont la prise de conscience est proche de la mort. La descente de l'escalier de Guermantes au cours de laquelle le Narrateur ne reconnaît pas immédiatement les êtres qui ont été les compagnons de sa vie symbolise l'impossibilité qu'il y a à voir le temps passer en soi comme sur les autres. On garde toute sa vie l'image des êtres tels qu'ils nous sont apparus le premier jour et la prise de conscience de la dégradation opérée par le temps sur leur visage nous les rend méconnaissables jusqu'à ce que les ayant reconnus l'individu prenne conscience de sa mort prochaine. Seule la conscience du temps passé donne son unité au quotidien fragmenté.
Le Grand Hôtel de Cabourg, où Proust séjourna chaque été de 1907 à 1914
L'analyse du snobisme et de la société aristocratique et bourgeoise de son temps fait de l'œuvre de Proust une interrogation majeure des mobiles sociaux de l'individu et de son rapport aux autres, instruments de l'ascension sociale. Comme Honoré de Balzac, Marcel Proust a su créer un monde imaginaire, peuplé de personnages devenus aujourd'hui des types sociaux ou moraux. Comme Le Père Goriot, Eugénie Grandet, La Duchesse de Langeais ou Vautrin chez Balzac, Madame Verdurin, la duchesse de Guermantes, Charlus ou Swann sont, chez Proust, des personnages en lesquels s'incarnent une caractéristique particulière : ambition, désintéressement, suprématie mondaine, veulerie[3],[4],[5].
L'amour et la jalousie sont également analysés sous un jour nouveau. L'amour n'existe chez Swann, ou chez le Narrateur, qu'au travers de la jalousie. La jalousie, ou le simple fait de ne pas être l'élu, génèrerait l'amour, qui une fois existant, se nourrirait non de la plénitude de sa réalisation, mais de l'absence. Swann n'épouse Odette de Crécy que lorsqu'il ne l'aime plus. Le Narrateur n'a jamais autant aimé Albertine que lorsqu'elle a disparu (voir Albertine disparue). On n'aime que ce en quoi on poursuit quelque chose d'inaccessible, on n'aime que ce qu'on ne possède pas, écrit par exemple Proust dans La Prisonnière. Cette théorie développée dans l'oeuvre reflète exactement la pensée de Proust, comme l'illustre la célèbre rencontre entre l'écrivain et le jeune Emmanuel Berl, rencontre que ce dernier décrira dans son roman Sylvia (1952). Lorsque Berl lui fait part de l'amour partagé qu'il éprouve pour une jeune femme, Proust dit sa crainte que Sylvia ne s'interpose entre Berl et son amour pour elle, puis devant l'incompréhension de Berl, qui maintient qu'il peut exister un amour heureux, se fâche et renvoie le jeune homme chez lui.
La Recherche réserve également une place importante à l'analyse de l'homosexualité, en particulier dans Sodome et Gomorrhe où apparaît sous son vrai jour le personnage de Charlus.
Enfin, l'oeuvre se distingue par son humour et son sens de la métaphore. Humour, par exemple, lorsque le Narrateur note les fautes de langage du directeur de l'hôtel de Cabourg, qui dit un mot pour un autre (le ciel est parcheminé d'étoiles, au lieu de parsemé). Sens de la métaphore, lorsque le Narrateur compare le rebachage de sa gouvernante, Françoise, une femme d'extraction paysanne qui a tendance à revenir régulièrement sur les mêmes sujets, au retour systématique du thème d'une fugue de Bach.
Anecdotes [modifier]
Surnoms et pseudonymes [modifier]
La mère de Proust lui donnait, enfant, des surnoms affectueux, tels « mon petit jaunet », « mon petit serin », « mon petit benêt » ou « mon petit nigaud ». Dans ses lettres, son fils était « loup » ou « mon pauvre loup ».
Ses amis et relations lui attribuaient d'autres sobriquets, plus ou moins amicaux, tels que « Poney », « Lecram » (anacyclique de Marcel), l'« Abeille des fleurs héraldiques », le « Flagorneur » ou le « Saturnien », et ils utilisaient le verbe « proustifier » pour qualifier sa manière d'écrire. Dans les salons, il était « Popelin Cadet », et ses dîners mémorables dans le grand hôtel parisien lui ont valu l'appellation de « Proust du Ritz ».
Le romancier Paul Bourget affubla Proust d'un sobriquet faisant référence à son gôut pour les porcelaines de Saxe. Il écrivit à la demi-mondaine, Laure Hayman, amie des deux écrivains:(...) votre saxe psychologique, ce petit Marcel (...) tout simplement exquis. Laure Hayman avait donné à Marcel Proust un exemplaire de la nouvelle de Paul Bourget, Gladys Harvey, relié dans la soie d'un de ses jupons. Laure était le modèle supposé du personnage crée par Bourget et elle avait écrit sur l'exemplaire offert à Proust une mise en garde: "Ne rencontrez jamais une Gladys Harvey."
Dans ses écrits, Proust a souvent employé des pseudonymes. Ses publications dans la presse sont signées Bernard d'Algouvres, Dominique, Horatio, Marc-Antoine, Écho, Laurence ou simplement D.
Illiers-Combray [modifier]
Blason d'Illiers-Combray
Le village d’Illiers, en Eure-et-Loir, inspira à Proust le lieu fictif de Combray. À l’occasion du centenaire de sa naissance, en 1971, ce village d’Illiers où, enfant, le « petit Marcel » venait passer ses vacances chez sa tante Élisabeth Amiot, lui rendit hommage en changeant de nom pour devenir Illiers-Combray. C'est la seule commune française à avoir adopté un nom emprunté à la littérature.
Le questionnaire [modifier]
L'écrivain est également connu pour le Questionnaire de Proust (1886), en réalité un simple questionnaire de personnalité auquel il répondit par hasard dans son adolescence, et qui donna à Bernard Pivot l’idée d’élaborer le sien. Quelques réponses sont restées historiques, par exemple, à l'interrogation « Comment aimeriez-vous mourir ? », la réplique : « J’aimerais mieux pas. » Quelques années après son apparition chez Bernard Pivot, le questionnaire traversa l'Atlantique pour se retrouver dans l'émission télévisée Actors' Studio, où James Lipton interviewe les stars du grand écran.
Un portrait de Proust au restaurant Weber vers 1905 [modifier]
« Vers 7 heures et demie arrivait chez Weber un jeune homme pâle, aux yeux de biche, suçant ou tripotant une moitié de sa moustache brune et tombante, entouré de lainages comme un bibelot chinois. Il demandait une grappe de raisin, un verre d’eau et déclarait qu’il venait de se lever, qu’il avait la grippe, qu’il s’allait recoucher, que le bruit lui faisait mal, jetait autour de lui des regards inquiets, puis moqueurs, en fin de compte éclatait d’un rire enchanté et restait. Bientôt sortaient de ses lèvres, proférées sur un ton hésitant et hâtif, des remarques d’une extraordinaire nouveauté et des aperçus d’une finesse diabolique. Ses images imprévues voletaient à la cime des choses et des gens, ainsi qu’une musique supérieure, comme on raconte qu’il arrivait à la taverne du Globe, entre les compagnons du divin Shakespeare. Il tenait de Mercutio et de Puck, suivant plusieurs pensées à la fois, agile à s’excuser d’être aimable, rongé de scrupules ironiques, naturellement complexe, frémissant et soyeux. » (Léon Daudet, Salons et Journaux, chap. IX).
Œuvres [modifier]
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* Marcel Proust sur Wikiquote (recueil de citations)
Tombe de Proust au Père Lachaise
Divers [modifier]
L'ordre chronologique est celui des parutions.
* Les Plaisirs et les Jours, Calmann-Lévy, 1896
* La Bible d'Amiens, préface, traduction et notes de l'ouvrage de John Ruskin The Bible of Amiens, Mercure de France, 1904
* « La mort des cathédrales », Le Figaro, 16 août 1904
* Sésame et les lys, traduction de l'ouvrage de John Ruskin Sesame and Lilies, Mercure de France, 1906
* Pastiches et mélanges, NRF, 1919
* Chroniques, 1927
* Jean Santeuil, 1952
* Contre Sainte-Beuve, 1954
* Chardin et Rembrandt, Le Bruit du temps, 2009
À la recherche du temps perdu [modifier]
* Du côté de chez Swann, Grasset, 1913
o Partie 1 : Combray
o Partie 2 : Un amour de Swann
o Partie 3 : Noms de pays : le nom
* À l'ombre des jeunes filles en fleurs, NRF, 1918, prix Goncourt
o Partie 1 : Autour de Mme Swann
o Partie 2 : Noms de pays : le pays
* Le Côté de Guermantes I et II, NRF, 1921-1922
* Sodome et Gomorrhe I et II, NRF, 1922-1923
* La Prisonnière, NRF, 1923
* Albertine disparue (La Fugitive), 1925
* Le Temps retrouvé, NRF, 1927
Correspondance [modifier]
* Plusieurs volumes posthumes, publiés à partir de 1926.
* Une première édition en 6 tomes (classée par correspondants), publiée par Robert Proust et Paul Brach : Correspondance générale (1930-1936).
* Une grande édition de référence en 21 tomes, où les lettres des volumes précédents sont reprises, augmentées, dotées d'une annotation universitaire, et classées chronologiquement, par Philip Kolb : Correspondance (Plon, 1971-1993).
* Une édition anthologique corrigée et présentée par Françoise Leriche, avec de nouvelles lettres inédites : Marcel Proust, Lettres (Plon, 2004).
* Un choix de lettres sélectionnées et présentées par Jérôme Picon, en édition de poche : Proust, Correspondance (Garnier-Flammarion, 2007).
Bibliographie [modifier]
Ouvrages généraux [modifier]
* Maurice Bardèche, Marcel Proust romancier, Les Sept Couleurs, 1971
* Samuel Beckett, Proust, essai composé en anglais en 1930, traduit en français par É. Fournier, Éditions de Minuit, 1990
* Jacques Benoist-Méchin, Retour à Marcel Proust, Pierre Amiot, 1957
* Annick Bouillaguet, Brian G. Rogers (dir.), Dictionnaire Marcel Proust, Honoré Champion, coll. « Dictionnaires et références », 2004
* Georges Cattaui, Marcel Proust, Proust et son Temps, Proust et le Temps, préface de Daniel-Rops, Julliard, 1953
* Gilles Deleuze, Proust et les signes, PUF, 1970
* (it) Giacomo Debenedetti, Proust, Bollati Boringhieri, 2005
* Pietro Citati, La Colombe poignardée, Proust et la Recherche, Gallimard, 1997
* Ghislain de Diesbach, Proust, Perrin, 1991
* Roger Duchêne, L'Impossible Marcel Proust, Robert Laffont, 1994
* Michel Erman, Marcel Proust, Fayard, 1994
* Edmond Jaloux, Avec Marcel Proust, La Palatine, Genève, 1953
* Ramon Fernandez (dir.), Hommage à Marcel Proust, Gallimard, coll. "Les Cahiers Marcel Proust", n°1, 1927
* Ramon Fernandez, À la gloire de Proust, Éditions de La Nouvelle Revue Critique, 1943 ; rééd. Grasset sous le titre Proust, 2009 (ISBN 9782246075226).
* Giovanni Macchia, L'Ange de la Nuit (Sur Proust), Gallimard, 1993
* Claude Mauriac, Proust, coll. «Écrivains de toujours», Seuil, 1953
* François Mauriac, Du côté de chez Proust, La Table ronde, 1947
* André Maurois, À la recherche de Marcel Proust, Hachette, 1949
* André Maurois, Le Monde de Marcel Proust, Hachette, 1960
* George Painter, Marcel Proust, 2 vol., Mercure de France, 1966-1968, traduit de l'anglais et préfacé par Georges Cattaui ; édition revue, en un volume, corrigée et augmentée d'une nouvelle préface de l'auteur, Mercure de France, 1992
* Gaëtan Picon, Lecture de Marcel Proust, Mercure de France, 1963
* Léon Pierre-Quint, Marcel Proust, sa vie, son œuvre, Sagittaire, 1946
* Jean-François Revel, Sur Proust, Grasset, coll. « Les Cahiers rouges », 1987
* Jean-Pierre Richard, Proust et le monde sensible, Seuil, 1974
* Ernest Seillière, Marcel Proust, Éditions de La Nouvelle Revue critique, 1931
* Anne Simon, Proust ou le réel retrouvé, Paris, PUF, 2000
* Jean-Yves Tadié, Marcel Proust, NRF/Biographie, Gallimard, 1996
* Edmund White, Marcel Proust, Fides, 2001
Monographies [modifier]
* Pierre Abraham, Proust, Rieder, 1930
* Céleste Albaret, Monsieur Proust, Robert Laffont, 1973
* Jacques Bersani (éd.), Les Critiques de notre temps et Proust, Garnier, 1971
* (en) Martine Beugnet et Marion Schmid, Proust at the Movies, Ashgate, Aldershot et Burlington, 2004, 261 p. (ISBN 0-75463541-4)
* Catherine Bidou-Zachariasen, Proust sociologue. De la maison aristocratique au salon bourgeois, Descartes, 1997
* Maurice Blanchot, « L'étonnante patience », chapitre consacré à Marcel Proust dans le Livre à venir, Gallimard, 1959
* Évelyne Bloch-Dano, Madame Proust, biographie de la mère de Marcel Proust, Grasset, 2004
* Alain de Botton, Comment Proust peut changer votre vie, trad. de l'anglais par Maryse Leynaud, Paris, Denoël, 1997
* Brassaï, Marcel Proust sous l'emprise de la photographie, Gallimard, 1997
* Alain Buisine, Proust et ses lettres, Presses Universitaires de Lille, coll. « Objet », 1983
* Alain Buisine, Proust. Samedi 27 novembre 1909, Jean-Claude Lattès, coll. « Une journée particulière », 1991
* (en) William C. Carter, Proust in Love, Yale University Press, New Haven et Londres, 2006, 266 p. (ISBN 0-300-10812-5)
* Antoine Compagnon, Proust entre deux siècles, Le Seuil, 1989
* Richard Davenport-Hines, Proust au Majestic, Grasset, 2008
* Serge Doubrovsky, La Place de la madeleine, Écriture et fantasme chez Proust, Mercure de France, 1974
* Robert Dreyfus, Souvenirs sur Marcel Proust (accompagnés de lettres inédites), Paris, Grasset, 1926
* Clovis Duveau, Proust à Orléans, édité par les Musées d'Orléans, 1998.
* Albert Feuillerat, Comment Marcel Proust a composé son roman, Slatkine, 1972 (1re édition 1934)
* Louis Gautier-Vignal, Proust connu et inconnu, Robert Laffont, 1976
* Anne Henry, Marcel Proust. Théories pour une esthétique, Klincksieck, 1983
* Sylvaine Landes-Ferrali, Proust et le Grand Siècle, Gunter Narr Verlag, Tübingen
* Franck Lhomeau et Alain Coelho, Marcel Proust à la recherche d'un éditeur, Olivier Orban, 1988
* Léon Pierre-Quint, Comment travaillait Proust, Bibliographie, Les Cahiers Libres, 1928
* Georges Poulet, L'Espace proustien, Gallimard, 1963
* Jean Recanati, Profils juifs de Marcel Proust, Paris, Buchet-Chastel, 1979
* Thomas A Ravier, Éloge du matricide : Essai sur Proust, Gallimard, coll. « L'Infini », Paris, 2008, 200 p. (ISBN 978-2-07-078443-1)
* Jacqueline Risset, Une certaine joie. Essai sur Proust, Éditions Hermann, 2009
* Niels Soelberg, Recherche et Narration. Lecture narratologique de Proust, Copenhague, Museum Tusculanum Press, 2000
* (en) Michael Sprinker, History and Ideology in Proust. « À la recherche de temps perdu » and the Third French Republic, London, Verso, 1998
* Stéphane Zagdanski, Le Sexe de Proust, Gallimard, coll. « L'infini », 1994
Adaptations [modifier]
Filmographie [modifier]
* Percy Adlon : Céleste, film allemand avec pour personnage principal Céleste Albaret, 1981.
* Raoul Ruiz : Le Temps retrouvé, 1998.
* Volker Schlöndorff : Un amour de Swann, 1984.
* Chantal Akerman : La Captive, 2000.
Divers [modifier]
* Suso Cecchi d'Amico et Luchino Visconti : À la recherche du temps perdu, scénario d'après Marcel Proust, Persona, 1984.
* Harold Pinter : Le Scénario Proust : A la recherche du temps perdu , avec la collaboration de Joseph Losey et Barbara Bray, traduction de l'anglais par Jean Pavans, scénario d'après Marcel Proust, Gallimard, Paris, 2003.
* Stéphane Heuet : À la recherche du temps perdu, bande dessinée d'après Marcel Proust, 5 vol. parus, Delcourt, Tournai, Belgique, 1998-2008.
* Alberto Lombardo, L'Air de rien, adaptation théâtrale de À la recherche du temps perdu sur la relation Albertine-Marcel, 1988.
* Intégrale de À la recherche du temps perdu, lu par André Dussollier, Guillaume Gallienne, Michaël Lonsdale, Denis Podalydès, Robin Renucci et Lambert Wilson aux Éditions Thélème.
* Texte intégral de l'édition Gallimard de À la recherche du temps perdu 1946-1947 en ligne sur Bibliothèque électronique du Québec
Liens externes [modifier]
* Bibliographies
* Dossier de la BNF sur Proust
* Essai sur Proust en Allemagne
* Citations de Proust
Notes et références [modifier]
1. ↑ Georges Cattaui, Proust, dans : dictionnaire des auteurs Laffont-Bompiani, 1990, t.III, p. 793 (ISBN 2221501748)
2. ↑ Dans son Dictionnaire égoïste de la littérature française, page 700 (édition 2005), Charles Dantzig écrit sur le style de Proust : « Il a un rythme d’une infinie souplesse. Il le varie au moyen de phrases courtes, car l’idée populaire que Proust n’est composée que de phrases longues est fausse (comme si d’ailleurs les phrases longues étaient un vice), mais encore de dévidages de raisonnements aussi rusés que réfléchis »
3. ↑
« Ce sont les fameux « monomanes » de Balzac que nous revoyons, en effet, dans les grands passionnés de Proust, dans Charlus, dans le narrateur lorsqu'il devient le tortionnaire d'Albertine et le bourreau de lui-même, dans Swann, aveugle devant Odette, dans Saint-Loup, à partir du moment où ce personnage mystérieux et fuyant révèle sa véritable figure. A eux tous s'applique exactement le mot de Balzac sur les « hommes à passion » (...). Swann détruit en quelques mois une situation mondaine qu'il avait mis des années à construire(...). A la fin de la Recherche, Madame Verdurin devenue princesse de Guermantes, Bloch (...) qui va entrer à l'Académie, Morel, « grand honnête homme », (...) sont des triomphateurs balzaciens, c'est le triomphe des indignes (...). Proust, plus intérieur que Balzac, a même découvert ce qu'on pourrait appeler une transcription habituelle des monomanes, une déformation systématique de la sensibilité et du raisonnement (..) à laquelle Balzac n'avait pas pensé. Charlus n'est pas seulement obsédé par son vice, comme Claës ou Grandet le sont par leur idée fixe, comme Hulot l'est par son goût (...) des tendrons, mais encore il voit la vie quotidienne de Paris en guerre à travers un verre coloré qui est celui de sa préoccupation constante. Sa sensibilité, sa vision, sont imprégnées par son idée fixe qui l'a amené à se construire un univers dans lequel toutes les actions s'expliquent par son homosexualité et dans lequel également les seuls événements passionnants sont ceux qui facilitent son penchant. Ce parallélisme, non pas accidentel, mais profond, de Balzac et de Proust, nous met alors sur la voie. Leurs personnages démonstratifs se ressemblent parce que leur explication des passions des hommes, qui semble si différente, repose au fond, sur la même idée. Pour Proust, comme pour Balzac, l'imagination est la reine des batailles : nous sommes ce que notre imagination fait de nous.Maurice Bardèche, cité par Georges Cattaui dans Marcel Proust, Proust et son Temps, Proust et le Temps, Julliard, Paris, 1953, Préface de Daniel-Rops, p. 112-113. »
4. ↑ Georges Cattaui : Proust, dictionnaires Laffont-Bompiani, 1990, t.III, p. 794
5. ↑ Axel Preiss, Proust dans : dictionnaire des littératures de langue française, Paris, 1984, t.III, p. 1814-1815(ISBN 2040153357)
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Marcel Proust
Marcel Proust en 1900.
Marcel Proust en 1900.
Nom de naissance Valentin Louis Georges Eugène Marcel Proust
Activité(s) écrivain
Naissance 10 juillet 1871
Paris, France
Décès 18 novembre 1922 (à 51 ans)
Paris, France
Genre(s) roman
Distinctions Lauréat du prix Goncourt 1919
Œuvres principales
* À la recherche du temps perdu (1913 - 1927)
Valentin Louis Georges Eugène Marcel Proust, né à Paris, le 10 juillet 1871 et mort à Paris le 18 novembre 1922, est un écrivain français dont l'œuvre principale s'intitule À la recherche du temps perdu.
Sommaire
[masquer]
* 1 Biographie
o 1.1 Enfance
o 1.2 Années de jeunesse
o 1.3 Rédaction de Jean Santeuil
o 1.4 L'esthétique de Ruskin
o 1.5 L'écriture de La Recherche
* 2 Les œuvres
o 2.1 Les Plaisirs et les Jours
o 2.2 Jean Santeuil
o 2.3 Les traductions de Ruskin
o 2.4 Contre Sainte-Beuve
o 2.5 Pastiches et mélanges
o 2.6 À la recherche du temps perdu
* 3 Anecdotes
o 3.1 Surnoms et pseudonymes
o 3.2 Illiers-Combray
o 3.3 Le questionnaire
o 3.4 Un portrait de Proust au restaurant Weber vers 1905
* 4 Œuvres
o 4.1 Divers
o 4.2 À la recherche du temps perdu
o 4.3 Correspondance
* 5 Bibliographie
o 5.1 Ouvrages généraux
o 5.2 Monographies
* 6 Adaptations
o 6.1 Filmographie
o 6.2 Divers
* 7 Liens externes
* 8 Notes et références
Biographie [modifier]
Enfance [modifier]
Marcel Proust naît dans le quartier d'Auteuil (16e arrondissement), dans la maison de son grand-oncle maternel, Louis Weil, au 96, rue La Fontaine. Sa mère, née Jeanne Weil, fille d'un agent de change juif d'origine alsacienne, lui apporte une culture riche et profonde. Elle lui voue une affection parfois envahissante. Son père, Adrien Proust, fils d'un commerçant d'Illiers (en Eure-et-Loir), professeur à la faculté de Médecine de Paris après avoir commencé ses études au séminaire, est le premier grand hygiéniste français, conseiller du gouvernement pour la lutte contre les épidémies.
Caillebotte et peut-être l'ambiance de Combray
Marcel est baptisé à l'église Saint-Louis-d'Antin à Paris. Or la Commune fait rage à Paris en mai 1871. « Peu avant la naissance de Marcel Proust, pendant la Commune, le docteur Proust avait été blessé par la balle d'un insurgé, tandis qu'il rentrait de l'hôpital de la Charité. Madame Proust, enceinte, se remit difficilement de l'émotion qu'elle avait éprouvée en apprenant le danger auquel venait d'échapper son mari. L'enfant qu'elle mit au monde bientôt après, naquit si débile que son père craignit qu'il ne fût point viable. On l'entoura de soins; il donna les signes d'une intelligence et d'une sensibilité précoces, mais sa santé demeura délicate[1]. »
Marcel est fragile et le printemps devient pour lui la plus pénible des saisons. Les pollens libérés par les fleurs dans les premiers beaux jours provoquent chez lui de violentes crises d'asthme. À neuf ans, alors qu'il rentre d'une promenade au Bois de Boulogne avec ses parents, il étouffe, sa respiration ne revient pas. Son père le voit mourir. Un ultime sursaut le sauve. Voilà maintenant la menace qui plane sur l'enfant, et sur l'homme plus tard : la mort peut le saisir dès le retour du printemps, à la fin d'une promenade, n'importe quand, si une crise d'asthme est trop forte.
Années de jeunesse [modifier]
Jean Béraud, La Sortie du lycée Condorcet
Il étudie au lycée Condorcet, où il est l'élève du philosophe Alphonse Darlu et où il se lie d'amitié avec Jacques Bizet, le fils du compositeur Georges Bizet, et avec Lucien Daudet, fils du romancier Alphonse Daudet. Puis, il devance l’appel sous les drapeaux et accomplit son service militaire à Orléans, au 76e régiment d'infanterie. Rendu à la vie civile, il suit à l’École libre des sciences politiques les cours d’Albert Sorel (qui le juge « pas intelligent » lors de son oral de sortie) et d'Anatole Leroy-Beaulieu ; à la Sorbonne ceux d'Henri Bergson, son cousin par alliance, au mariage duquel il sera garçon d'honneur et dont l’influence sur son œuvre a été parfois jugée importante, ce dont Proust s'est toujours défendu.
L'influence de son homosexualité sur son œuvre est pour sa part importante puisque Marcel Proust fut l'un des premiers romanciers européens à traiter ouvertement de ce sujet dans ses écrits.
En 1894, il publie Les Plaisirs et les Jours, un recueil de poèmes en prose, portraits et nouvelles dans un style fin de siècle où son art se montre plein de promesses. Illustré par Madeleine Lemaire, dont Proust fréquente le salon avec son ami le compositeur Reynaldo Hahn, le livre passe à peu près inaperçu et la critique l'accueille avec sévérité - notamment l'écrivain Jean Lorrain, réputé pour la férocité de ses jugements. Il en dit tant de mal qu'il se retrouve au petit matin sur un pré, un pistolet à la main. Face à lui, également un pistolet à la main : Marcel Proust, avec pour témoin le peintre Jean Béraud. Tout se termine sans blessures, mais non sans tristesse pour l'auteur débutant. Ce livre vaut à Proust une réputation de mondain dilettante qui ne se dissipera qu'après la publication des premiers tomes de À la recherche du temps perdu.
Rédaction de Jean Santeuil [modifier]
Boldini, Robert de Montesquiou
La fortune familiale lui assure une existence facile et lui permet de fréquenter les salons du milieu bourgeois et de l'aristocratie. Il y accumule le matériau nécessaire à la construction de son œuvre : une conscience plonge en elle-même, recueille tout ce que le temps vécu y a laissé intact, et se met à reconstruire, à donner vie à ce qui fut ébauches et signes. Lent et patient travail de déchiffrage, comme s'il fallait en tirer le plan nécessaire et unique d'un genre qui n'a pas de précédent, qui n'aura pas de descendance : celui d'une cathédrale du temps. Pourtant, rien du gothique répétitif dans cette recherche, rien de pesant, de roman - rien du roman non plus, pas d'intrigue, d'exposition, de nœud, de dénouement.
À partir de l'été 1895, il entreprend la rédaction d'un roman qui relate la vie d'un jeune homme épris de littérature dans le Paris mondain de la fin du XIXe siècle. Publié en 1952, ce livre, intitulé, après la mort de l'auteur, Jean Santeuil, du nom du personnage principal, est resté à l'état de fragments mis au net.
L'esthétique de Ruskin [modifier]
Caillebotte, Jeune Homme à la fenêtre
Vers 1900, il abandonne la rédaction de ce roman qui nous est parvenu sous forme de fragments manuscrits découverts et édités dans les années 1950 par Bernard de Fallois. Il se tourne alors vers l'esthète anglais John Ruskin. Celui-ci ayant interdit qu'on traduise son œuvre de son vivant, Proust le découvre dans le texte et au travers d'articles et d'ouvrages qui lui sont consacrés, comme celui de Robert de La Sizeranne, Ruskin et la religion de la beauté. À la mort de Ruskin, en 1900, Proust décide de le traduire. À cette fin, il entreprend plusieurs « pèlerinages ruskiniens », dans le Nord de la France, à Amiens, et surtout à Venise, où il séjourne avec sa mère.
Cet épisode est repris dans Albertine disparue. Les parents de Marcel jouent d'ailleurs un rôle déterminant dans le travail de traduction. Le père l'accepte comme un moyen de mettre à un travail sérieux un fils qui se révèle depuis toujours rebelle à toute fonction sociale et qui vient de donner sa démission d'employé non rémunéré de la Bibliothèque Mazarine. La mère joue un rôle beaucoup plus direct. Marcel Proust maîtrisant mal l'anglais, elle se livre à une première traduction mot à mot du texte anglais ; à partir de ce déchiffrage, Proust peut alors « écrire en excellent français, du Ruskin », comme le nota un critique à la parution de sa première traduction, La Bible d'Amiens (1904).
L'écriture de La Recherche [modifier]
La première pierre, la première phrase de l'œuvre entière est posée en 1907. Pendant quinze années, Proust vit en reclus dans sa chambre tapissée de liège, au deuxième étage du 102, boulevard Haussmann, où il a emménagé le 27 décembre 1906 après la mort de ses parents, et qu'il quittera en 1919. Portes fermées, Proust écrit, ne cesse de modifier et de retrancher, d'ajouter en collant sur les pages initiales les « paperolles » que l'imprimeur redoute. Plus de deux cents personnages vivent sous sa plume, couvrant quatre générations.
Après la mort de ses parents, sa santé déjà fragile se détériore davantage en raison de son asthme. Il vit en reclus et s’épuise au travail. Son œuvre principale, À la recherche du temps perdu, sera publiée entre 1913 et 1927, c'est-à-dire en partie à titre posthume.
Le premier tome, Du côté de chez Swann (1913), est refusé chez Gallimard sur les conseils d'André Gide, qui exprimera ses regrets par la suite. Finalement, le livre est édité à compte d'auteur chez Grasset. L'année suivante, le 30 mai, Proust perd son secrétaire et ami, Alfred Agostinelli, dans un accident d'avion. Ce deuil, surmonté par l'écriture, traverse certaines des pages de La Recherche.
Les éditions Gallimard acceptent le deuxième volume, À l’ombre des jeunes filles en fleurs, pour lequel Proust reçoit en 1919 le prix Goncourt.
Il ne reste plus à Proust que trois années à vivre. Il travaille sans relâche à l’écriture des cinq livres suivants de À la recherche du temps perdu, jusqu'en 1922. Il meurt épuisé, le 18 novembre 1922, emporté par une bronchite mal soignée. Il demeurait au 44 Rue de l'Amiral Hamelin à Paris.
Marcel Proust est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris, division 85.
Les œuvres [modifier]
Les Plaisirs et les Jours [modifier]
Les Plaisirs et les Jours est un recueil de poèmes en prose et de nouvelles publié par Marcel Proust en 1894 chez Calmann-Lévy. Ce recueil s'inspire fortement du décadentisme et notamment du travail du dandy Robert de Montesquiou. Il s'agit du premier ouvrage de son auteur, qui cherchera à en éviter la réimpression pendant la rédaction de La Recherche.
Jean Santeuil [modifier]
L'année suivante, Proust entreprend l'écriture d'un roman mettant en scène un jeune homme qui évolue dans Paris de la fin du XIXe siècle. Considéré comme une ébauche de La Recherche, Jean Santeuil ne constitue pas un ensemble achevé. Proust y évoque notamment l'affaire Dreyfus, dont il fut l'un des témoins directs. Il est l'un des premiers à faire circuler une pétition favorable au capitaine français accusé de trahison et à la faire signer par Anatole France.
Les traductions de Ruskin [modifier]
John Ruskin - La Bible d'Amiens - 001.jpg
La Bible d'Amiens sur Wikisource
Sésame et les lys sur Wikisource
Proust traduit La Bible d'Amiens, de John Ruskin, et ce travail, ainsi que sa deuxième traduction, Sésame et les lys (1906), est salué par la critique, dont Henri Bergson. Cependant, le choix des œuvres traduites ne se révèle pas heureux et l'ensemble est un échec éditorial. C'est pourtant pour le futur écrivain un moment charnière où s'affirme sa personnalité. En effet, il accompagne ses traductions de notes abondantes et de préfaces longues et riches qui occupent une place presque aussi importante que le texte traduit. Surtout, en traduisant Ruskin, Proust prend peu à peu ses distances avec celui-ci, au point de critiquer ses positions esthétiques. Cela est particulièrement perceptible dans le dernier chapitre de sa préface à La Bible d'Amiens qui tranche avec l'admiration qu'il exprime dans les trois premiers. Il reproche notamment à Ruskin son idolâtrie esthétique, critique qu'il adressa également à Robert de Montesquiou et qu'il fit partager par Swann et Charlus dans La Recherche. Pour Proust, c'est dévoyer l'art que d'aimer une œuvre parce que tel écrivain en parle ; il faut l'aimer pour elle-même.
Contre Sainte-Beuve [modifier]
Contre Sainte-Beuve, publié à titre posthume en 1954, est un recueil d'essais consacré aux écrivains que Proust admirait tout en les critiquant : Balzac, Flaubert, etc. Il y attaque Sainte-Beuve et sa méthode critique selon laquelle l'œuvre d'un écrivain serait avant tout le reflet de sa vie et pourrait s'expliquer par elle. En s'y opposant, Proust fonde sa propre poétique ; on peut considérer À la recherche du temps perdu comme une réalisation systématique des idées exposées dans ce recueil d'essais.
Pastiches et mélanges [modifier]
Pastiches et mélanges est une œuvre que Proust publie en 1919 à la NRF. Il s'agit d'un recueil de préfaces et d'articles de presse parus principalement dans Le Figaro à partir de 1908, rassemblés en un volume à la demande de Gaston Gallimard.
À la recherche du temps perdu [modifier]
Article détaillé : À la recherche du temps perdu.
Épreuve annotée de Du côté de chez Swann.
Des critiques ont écrit que le roman moderne commençait avec Marcel Proust. En rompant avec la notion d’intrigue, l’écrivain devient celui qui cherche à rendre la vérité de l’âme. La composition de La Recherche en témoigne : les thèmes tournent selon un plan musical et un jeu de correspondances qui s’apparentent à la poésie. Proust voulait saisir la vie en mouvement, sans autre ordre que celui des fluctuations de la mémoire affective. Il nous laisse des portraits uniques, des lieux recréés, une réflexion sur l’amour et la jalousie, une image de la vie, du vide de l'existence, et de l’art. Il nous laisse surtout un style composé de phrases (parfois) longues[2], pareilles à une respiration dans laquelle on « s’embarque ».
« Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu’il y ait d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini et qui, bien des siècles après qu’est éteint le foyer dont il émanait, qu’il s’appelât Rembrandt ou Vermeer, nous envoient encore leur rayon spécial.
« Ce travail de l’artiste, de chercher à apercevoir sous de la matière, sous de l’expérience, sous des mots, quelque chose de différent, c’est exactement le travail inverse de celui que, chaque minute, quand nous vivons détournés de nous-mêmes, l’amour-propre, la passion, l’intelligence, et l’habitude aussi accomplissent en nous, quand elles amassent au-dessus de nos impressions vraies, pour nous les cacher entièrement, les nomenclatures, les buts pratiques que nous appelons faussement la vie ». (Le Temps retrouvé)
Dernière page de La Recherche
L'œuvre de Marcel Proust est aussi une réflexion majeure sur le temps. La « Recherche du Temps Perdu » permet de s'interroger sur l'existence même du temps, sur sa relativité et sur l'incapacité à le saisir au présent. Une vie s'écoule sans que l'individu en ait conscience et seul un événement fortuit - goûter une madeleine, buter sur un pavé - fait surgir à la conscience le passé dans son ensemble et comprendre que seul le temps écoulé, perdu, a une valeur. Le temps n'existe ni au présent, ni au futur, mais au seul passé, dont la prise de conscience est proche de la mort. La descente de l'escalier de Guermantes au cours de laquelle le Narrateur ne reconnaît pas immédiatement les êtres qui ont été les compagnons de sa vie symbolise l'impossibilité qu'il y a à voir le temps passer en soi comme sur les autres. On garde toute sa vie l'image des êtres tels qu'ils nous sont apparus le premier jour et la prise de conscience de la dégradation opérée par le temps sur leur visage nous les rend méconnaissables jusqu'à ce que les ayant reconnus l'individu prenne conscience de sa mort prochaine. Seule la conscience du temps passé donne son unité au quotidien fragmenté.
Le Grand Hôtel de Cabourg, où Proust séjourna chaque été de 1907 à 1914
L'analyse du snobisme et de la société aristocratique et bourgeoise de son temps fait de l'œuvre de Proust une interrogation majeure des mobiles sociaux de l'individu et de son rapport aux autres, instruments de l'ascension sociale. Comme Honoré de Balzac, Marcel Proust a su créer un monde imaginaire, peuplé de personnages devenus aujourd'hui des types sociaux ou moraux. Comme Le Père Goriot, Eugénie Grandet, La Duchesse de Langeais ou Vautrin chez Balzac, Madame Verdurin, la duchesse de Guermantes, Charlus ou Swann sont, chez Proust, des personnages en lesquels s'incarnent une caractéristique particulière : ambition, désintéressement, suprématie mondaine, veulerie[3],[4],[5].
L'amour et la jalousie sont également analysés sous un jour nouveau. L'amour n'existe chez Swann, ou chez le Narrateur, qu'au travers de la jalousie. La jalousie, ou le simple fait de ne pas être l'élu, génèrerait l'amour, qui une fois existant, se nourrirait non de la plénitude de sa réalisation, mais de l'absence. Swann n'épouse Odette de Crécy que lorsqu'il ne l'aime plus. Le Narrateur n'a jamais autant aimé Albertine que lorsqu'elle a disparu (voir Albertine disparue). On n'aime que ce en quoi on poursuit quelque chose d'inaccessible, on n'aime que ce qu'on ne possède pas, écrit par exemple Proust dans La Prisonnière. Cette théorie développée dans l'oeuvre reflète exactement la pensée de Proust, comme l'illustre la célèbre rencontre entre l'écrivain et le jeune Emmanuel Berl, rencontre que ce dernier décrira dans son roman Sylvia (1952). Lorsque Berl lui fait part de l'amour partagé qu'il éprouve pour une jeune femme, Proust dit sa crainte que Sylvia ne s'interpose entre Berl et son amour pour elle, puis devant l'incompréhension de Berl, qui maintient qu'il peut exister un amour heureux, se fâche et renvoie le jeune homme chez lui.
La Recherche réserve également une place importante à l'analyse de l'homosexualité, en particulier dans Sodome et Gomorrhe où apparaît sous son vrai jour le personnage de Charlus.
Enfin, l'oeuvre se distingue par son humour et son sens de la métaphore. Humour, par exemple, lorsque le Narrateur note les fautes de langage du directeur de l'hôtel de Cabourg, qui dit un mot pour un autre (le ciel est parcheminé d'étoiles, au lieu de parsemé). Sens de la métaphore, lorsque le Narrateur compare le rebachage de sa gouvernante, Françoise, une femme d'extraction paysanne qui a tendance à revenir régulièrement sur les mêmes sujets, au retour systématique du thème d'une fugue de Bach.
Anecdotes [modifier]
Surnoms et pseudonymes [modifier]
La mère de Proust lui donnait, enfant, des surnoms affectueux, tels « mon petit jaunet », « mon petit serin », « mon petit benêt » ou « mon petit nigaud ». Dans ses lettres, son fils était « loup » ou « mon pauvre loup ».
Ses amis et relations lui attribuaient d'autres sobriquets, plus ou moins amicaux, tels que « Poney », « Lecram » (anacyclique de Marcel), l'« Abeille des fleurs héraldiques », le « Flagorneur » ou le « Saturnien », et ils utilisaient le verbe « proustifier » pour qualifier sa manière d'écrire. Dans les salons, il était « Popelin Cadet », et ses dîners mémorables dans le grand hôtel parisien lui ont valu l'appellation de « Proust du Ritz ».
Le romancier Paul Bourget affubla Proust d'un sobriquet faisant référence à son gôut pour les porcelaines de Saxe. Il écrivit à la demi-mondaine, Laure Hayman, amie des deux écrivains:(...) votre saxe psychologique, ce petit Marcel (...) tout simplement exquis. Laure Hayman avait donné à Marcel Proust un exemplaire de la nouvelle de Paul Bourget, Gladys Harvey, relié dans la soie d'un de ses jupons. Laure était le modèle supposé du personnage crée par Bourget et elle avait écrit sur l'exemplaire offert à Proust une mise en garde: "Ne rencontrez jamais une Gladys Harvey."
Dans ses écrits, Proust a souvent employé des pseudonymes. Ses publications dans la presse sont signées Bernard d'Algouvres, Dominique, Horatio, Marc-Antoine, Écho, Laurence ou simplement D.
Illiers-Combray [modifier]
Blason d'Illiers-Combray
Le village d’Illiers, en Eure-et-Loir, inspira à Proust le lieu fictif de Combray. À l’occasion du centenaire de sa naissance, en 1971, ce village d’Illiers où, enfant, le « petit Marcel » venait passer ses vacances chez sa tante Élisabeth Amiot, lui rendit hommage en changeant de nom pour devenir Illiers-Combray. C'est la seule commune française à avoir adopté un nom emprunté à la littérature.
Le questionnaire [modifier]
L'écrivain est également connu pour le Questionnaire de Proust (1886), en réalité un simple questionnaire de personnalité auquel il répondit par hasard dans son adolescence, et qui donna à Bernard Pivot l’idée d’élaborer le sien. Quelques réponses sont restées historiques, par exemple, à l'interrogation « Comment aimeriez-vous mourir ? », la réplique : « J’aimerais mieux pas. » Quelques années après son apparition chez Bernard Pivot, le questionnaire traversa l'Atlantique pour se retrouver dans l'émission télévisée Actors' Studio, où James Lipton interviewe les stars du grand écran.
Un portrait de Proust au restaurant Weber vers 1905 [modifier]
« Vers 7 heures et demie arrivait chez Weber un jeune homme pâle, aux yeux de biche, suçant ou tripotant une moitié de sa moustache brune et tombante, entouré de lainages comme un bibelot chinois. Il demandait une grappe de raisin, un verre d’eau et déclarait qu’il venait de se lever, qu’il avait la grippe, qu’il s’allait recoucher, que le bruit lui faisait mal, jetait autour de lui des regards inquiets, puis moqueurs, en fin de compte éclatait d’un rire enchanté et restait. Bientôt sortaient de ses lèvres, proférées sur un ton hésitant et hâtif, des remarques d’une extraordinaire nouveauté et des aperçus d’une finesse diabolique. Ses images imprévues voletaient à la cime des choses et des gens, ainsi qu’une musique supérieure, comme on raconte qu’il arrivait à la taverne du Globe, entre les compagnons du divin Shakespeare. Il tenait de Mercutio et de Puck, suivant plusieurs pensées à la fois, agile à s’excuser d’être aimable, rongé de scrupules ironiques, naturellement complexe, frémissant et soyeux. » (Léon Daudet, Salons et Journaux, chap. IX).
Œuvres [modifier]
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Tombe de Proust au Père Lachaise
Divers [modifier]
L'ordre chronologique est celui des parutions.
* Les Plaisirs et les Jours, Calmann-Lévy, 1896
* La Bible d'Amiens, préface, traduction et notes de l'ouvrage de John Ruskin The Bible of Amiens, Mercure de France, 1904
* « La mort des cathédrales », Le Figaro, 16 août 1904
* Sésame et les lys, traduction de l'ouvrage de John Ruskin Sesame and Lilies, Mercure de France, 1906
* Pastiches et mélanges, NRF, 1919
* Chroniques, 1927
* Jean Santeuil, 1952
* Contre Sainte-Beuve, 1954
* Chardin et Rembrandt, Le Bruit du temps, 2009
À la recherche du temps perdu [modifier]
* Du côté de chez Swann, Grasset, 1913
o Partie 1 : Combray
o Partie 2 : Un amour de Swann
o Partie 3 : Noms de pays : le nom
* À l'ombre des jeunes filles en fleurs, NRF, 1918, prix Goncourt
o Partie 1 : Autour de Mme Swann
o Partie 2 : Noms de pays : le pays
* Le Côté de Guermantes I et II, NRF, 1921-1922
* Sodome et Gomorrhe I et II, NRF, 1922-1923
* La Prisonnière, NRF, 1923
* Albertine disparue (La Fugitive), 1925
* Le Temps retrouvé, NRF, 1927
Correspondance [modifier]
* Plusieurs volumes posthumes, publiés à partir de 1926.
* Une première édition en 6 tomes (classée par correspondants), publiée par Robert Proust et Paul Brach : Correspondance générale (1930-1936).
* Une grande édition de référence en 21 tomes, où les lettres des volumes précédents sont reprises, augmentées, dotées d'une annotation universitaire, et classées chronologiquement, par Philip Kolb : Correspondance (Plon, 1971-1993).
* Une édition anthologique corrigée et présentée par Françoise Leriche, avec de nouvelles lettres inédites : Marcel Proust, Lettres (Plon, 2004).
* Un choix de lettres sélectionnées et présentées par Jérôme Picon, en édition de poche : Proust, Correspondance (Garnier-Flammarion, 2007).
Bibliographie [modifier]
Ouvrages généraux [modifier]
* Maurice Bardèche, Marcel Proust romancier, Les Sept Couleurs, 1971
* Samuel Beckett, Proust, essai composé en anglais en 1930, traduit en français par É. Fournier, Éditions de Minuit, 1990
* Jacques Benoist-Méchin, Retour à Marcel Proust, Pierre Amiot, 1957
* Annick Bouillaguet, Brian G. Rogers (dir.), Dictionnaire Marcel Proust, Honoré Champion, coll. « Dictionnaires et références », 2004
* Georges Cattaui, Marcel Proust, Proust et son Temps, Proust et le Temps, préface de Daniel-Rops, Julliard, 1953
* Gilles Deleuze, Proust et les signes, PUF, 1970
* (it) Giacomo Debenedetti, Proust, Bollati Boringhieri, 2005
* Pietro Citati, La Colombe poignardée, Proust et la Re
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